voyage en grèce - 1989
par Pascal Chuniaud
En 1989, je pensais partir en Norvège mais le nombre de places de ce voyage était limité et je n'ai pas été choisie. Mon cousin, quant à lui, allait en Grèce avec les Eclaireurs de Perpignan. Parce qu'ils n'étaient pas assez nombreux, ceux-ci acceptaient des personnes extérieures pour rendre le voyage moins cher à chacun. Je suis partie.
Nous sommes 28 répartis en différents groupes pour les différentes corvées (installation, cuisine, vaisselle, nettoyage et rangement). Durant tout le voyage, nous dormirons à la belle étoile. D'ailleurs, il n'y a qu'une seule tente qui ne peut accueillir que 15 personnes. La plupart du temps, nous ferons du camping sauvage et environ tous les 3/4 jours, nous irons dans des campings pour bénéficier de leurs douches. Ces jours là, à peine arrivé, tout le groupe se retrouve aux sanitaires pour laver et les personnes et les vêtements
Vendredi 28 juillet 1989 :
Départ très tôt le matin. Notre voyage va durer au total trois semaines mais nous ne serons réellement en Grèce que durant 15 jours. Il nous faut en effet quatre jours pour rejoindre Salonique puis trois jours pour revenir de Patras (dans le Péloponnèse) à Perpignan.
Direction Monaco puis Gènes. Nous passons juste au dessus du Rôcher. C'est très, très moche vu d'en haut. Des immeubles partout. On dirait une cité H.L.E. (habitation Le trajet à loyer élevé), avec, au pied, des yachts longs comme le bras qui remplacent les voitures de jackys ! (Bon, je le reconnais, c'est une vision très personnelle!! :))
Nous roulons toute la journée. Le passage de la douane s'est fait très simplement puisque ni les douaniers français ni leurs collègues italiens n'ont arrêté le car. Nous stoppons pour notre première nuit sur les rives du Lac de Gardes.
Samedi 29 juillet :
Nous continuons notre route vers la Grèce. Pendant encore trois jours, 80% de notre temps va se passer dans le car. ! Cependant, il y a quand même des arrêts qu'on ne peut pas ne pas faire ! Venise par exemple. Nous y arrivons dans l'après-midi. Là nous avons quartier libre pour nous balader à notre guise dans la ville. La première impression que j'ai n'est pas très positive. Je trouve en effet la ville plutôt sale.
Mais, bien vite, cette impression disparaît. Nous décidons de rejoindre la Place Saint-marc et le Palais des Doges non pas en bateau par les canaux, mais à pied en passant par les petites rues.
Une des minuscules rues de Venise Au détour d'une place..
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Un petit canal
Là, c'est vraiment magnifique. Plus de magasins de souvenirs à deux francs, plus de touristes (enfin à part nous), on passe d'une place à une autre par de petits ponts... Je me sens être dans la vraie Venise et plus dans celle des cartes postales. D'ailleurs, pendant ces quelques heures passées dans la ville, je n'ai vu aucun des "incontournables" : le Rialto, le Pont des Soupirs, pas même la place Saint-Marc finalement. Et je n'ai pas pourtant le sentiment d'avoir raté quelque chose.
Retour au car et à la route direction Trieste et la frontière yougoslave. Nous y arrivons tard dans la soirée. Le passage de douane est cette fois-ci nettement plus pointilleux. Les douaniers regardent attentivement chaque carte d'identité et nous font appeler chacun à notre tour pour vérifier les photos. Un d'entre nous a un passeport, il va devoir payer son entrée dans le pays... Chouette ambiance !
Malgré cela, ils nous permettent de dormir sur le parking de la douane. Ce soir, tout le monde se couche gentimment. Ce sera notre nuit la plus calme !
Dimanche 30 juillet :
Réveil un peu brutal le lendemain matin : nous sommes virés par les douaniers. Même pas le temps de prendre un petit dèj. On le fera quelques kilomètres plus loin. Aujourd'hui encore, on roule toute la journée. Rien de particulier à dire.
Le soir, des villageois nous accorde l'hospitalité. Une petite fête s'improvise autour d'un feu. On chante, on échange des spécialités (rousquilles de notre part, gâteaux au fromage et schnapz de la leur). Quelques unes des villageoises
Paysage yougoslave
Lundi 31 juillet :
Direction Belgrade. Nous prenons l'autoroute. A chaque péage, le chauffeur sort une liasse de billets épaisse de deux cm : en 1989, 5100 dinars valent 15 centimes!
Sur les billets de 5000 dinars, figure le visage de Tito, mort seulement neuf ans plus tôt. Tout est inscrit en quatre langues et deux alphabets (latin et cyrillique) différents. On retrouve ça d! ans certains quartiers de Belgrade où les plaques de rues sont doublées, une en cyrillique, l'autre en lettres latines.
La ville, et tout ce qui est urbain comme les autoroutes, paraît délabrée. Je me souviens de trottoirs dans Belgrade complètement défoncés. Les aires d'autoroutes sont couvertes d'ordures. Ce n'est pas que les gens ne font pas l'effort de les mettre dans les poubelles mais c'est que celles-ci sont pleines. Alors, tout fait office de décharge. C'est vraiment quelque chose de typique des citadins semble-t-il car je n'ai jamais vu ça dans la campagne.
Mardi 1er août :
Dans l'après-midi, nous passons la frontière grecque. On arrive à Salonique (appelée également Thessalonique). Première soirée grecque : balade sur le port jusqu'à minuit.
Désormais, nous prenons notre temps. Nous avons deux semaines pour silloner le pays. Le seul rendez-vous que l'on a, est à Patras le 14 août. Nous y prenons le bateau pour l'Italie.Désormais également, il n'y a plus de découpage en journée! . Cela f ait onze ans que j'ai fait ce voyage et je n'ai pas pris de notes. Si je me souviens bien de ce qu'on a fait, je ne me souviens pas quand...
La Grèce
Les Météores
Ce sont des pitons de grès plantés en plein milieu d'une plaine... et c'est superbe !! Ils ne sont pas d'origine spaciale, contrairement à ce que laisse penser leur nom. En fait, météore (meteoroi) signifie en grec "élevés dans l'air" et qualifient les monastères qui se trouvent au sommet. Il n'empêche que tout à coup, on est "ailleurs"...
Monastère dans les Météores Les Météores
Les Météores La route pour y accéder est plutôt sinueuse, surtout pour un car. Et encore, ne nous plaignons pas : il y a une route. On ne passe plus par la nacelle d'un treuil pour arriver aux monastères !
Celui que nous allons visiter s'appelle Saint-Stéphane (Aghios Stephanos ? je ne suis pas sure de la traduction de "Stéphane"). Par mesure de sécurité, j'avais mis un pantalon et non un bermuda. Ça n'a pas suffi : une femme n'entre que bras couverts (des manches courtes suffisent) et en jupe. A l'entrée, tout est prévu, les moniales en prètent pour couvrir le pantalon. Peu importe s'il dépasse, du moment qu'il y a la jupe. Une fois entrés, on visite le monastère à sa guise.
C'est la première fois que j'entre dans une église orthodoxe et ce qui m'étonne, c'est la richesse de la décoration. Ça déborde d'icônes et de dorures ! Alors que j'en regarde une de près, une nonne s'approche de moi et commence gentiment à me l'expliquer. Je ne parle pas grec, elle ne parlait pas français. Mais, par son enthousiasme, elle a su me faire comprendre et m'a guidé ainsi dans toute l'église.
Nous descendons vers le sud. On s'arrête de temps en temps pour visiter différents monuments. Mais chacun est content de retrouver la mer aux environs de Delphes, surtout quand on voit les paysages le long de la côte.
Un soir, on mange dans un petit restaurant sous les arbres. Au menu, des plats typiques, notamment du riz enveloppé dans des feuilles de vignes. A la fin du repas, un petit vieux vient nous parler. En égrenant son chapelet, il nous raconte, dans un très bon français, qu'il a combattu il y a longtemps au côté de la France.
Rivages grecs
Rue de Delphes Delphes
C'est un des sites archéologiques les plus importants de Grèce. Mais contrairement à l'Acropole, il n'est pas envahi de touristes. Le site est plus grand, c'est vrai mais je ne pense pas que l'impression vienne de là.
Le site est situé sur le flanc du Mont Parnasse. Il se divise donc sur plusieurs niveaux dont le premier est une sorte de rue avec ce qu'il semble être des ruines de boutiques.
Le Trésor des Athéniens Cette cité fut à son apogée du 7e au 4e siècle av. JC. On y célébrait le culte d'Apollon et la Pythie, une prêtresse, y rendait des oracles en son nom.
Pour monter au sommet, on prend la Voie Sacrée qui passe devant chacun de! s édifices. Le dernier est le stade, où se déroulaient tous les quatre ans, les Jeux Pythiens, en l'honneur d'Apollon. Amphithéâtre et temple d'Apollon
Athènes
Nous y arrivons en début d'après-midi. On fait d'abord un tour de ville avec le car. On y voit ces kiosques à journaux où on trouve de tout, mais également les gardes en costume traditionnel devant la tombe du soldat inconnu.
Le soir, on revient pour se balader dans le quartier de Plaka. C'est un quartier piétonnier très pittoresque et donc très touristique. Je ne me souviens que de restaurants et des boutiques de souvenirs perdus au milieu d'une foule polyglotte ! Athènes est très certainement une ville à visiter, mais si possible pas en été !
Le lendemain matin, nous visitons l'Acropole. C'est un site incroyable, un genre de puzzle 3D géant que les archéologues essaient de reconstituer. Mais, il m'a moins marqué que Delphes. Déjà parce que c'! est couvert de touristes. L'ascension se fait serrés comme des! sardine s. Ensuite, on ne peut pas trop approcher des monuments du fait des travaux. Les Caryatides de l'Erechthéion
Le Parthénon
On entre ensuite dans le Péloponèse par l'isthme de Corynthe. Il est traversé un canal très impressionnant creusé dans une falaise. On n'imagine mal les bateaux l'emprunter tellement il est étroit.
Durant les cinq/six jours qui nous restent, on fait surtout du farniente. Deux visites seulement sont au programme. La première devait être Mycènes, qui fut notamment le royaume d'Agamemnon. Mais, tout le monde préfère aller à la plage. La seconde est Olympie. Evidemment, on connait cette cité célèbre pour ses jeux que l'on faisait en l'honneur de Zeus. On ne va pas sur le site, qui n'est plus que ruine mais nous visitons le musée, très très intéressant. On y retrouve des statues et de magnifiques fresques. Là, ça aurait été dommage de préfèrer la plage !
Entre les deux, nous nous sommes arrêtés à Kalamata, dans le sud! . Plage toute la journée. D'ailleurs, on y reste pour dormir. Ah, dormir sur le sable, génial pensait-on, surtout quand on a déjà connu les champs d'oliviers avec fourmis... Mais au réveil, on déchante. Non seulement on a la plage imprimée sur les joues mais en plus, on a chacun dix kilos de sable dans nos duvets... Finalement, le mieux pour dormir c'est un parking, c'est dur certes mais c'est plat, sans surprise.
Le petit déjeuner aussi est folklorique. Il y a des guèpes partout. Elles se posent même sur nos tartines avant qu'on morde dedans. Une chance : personne ne se fait piquer.
Le ferry reliant Patras à Brindisi
Lundi 14 août :
Notre dernier jour en Grèce, on se balade dans la ville de Patra. Là aussi, le réveil a été "spécial". J'ai dormi le bras hors de mon duvet. Grossière erreur J'ai 29 piqures de moustiques entre le coude et l'extrémité des doigts, je les ai comptées !!
En début de soirée, nous emba! rquons sur le ferry. On passe la nuit sur le pont supérieur car seul le chauffeur a une cabine.
Mardi 15 août :
Après un arrêt à Corfou vers 9h00, on débarque à Brindisi en début d'après-midi. Le passage en douane est, cette fois-ci, beaucoup plus minutieux. On doit tous quitter le car et passer à côté d'un chien dressé à chercher la drogue. Le car est visité par un autre de ces chiens. Ambiance !!
Nous rejoignons la région napolitaine dans la soirée.
e qu'il reste d'un temple
Mercredi 16 août :
Nous visitons Pompéi le lendemain matin. La ville se trouve au pied du Vésuve. En 79 après JC, elle compte 30 000 habitants lorsque une éruption du volcan la recouvre de plusieurs mètres de dépots volcaniques. La ville est entièrement détruite ainsi qu'Herculanum, sa voisine. Les fouilles qui la dégagent commencent au 18e siècle puis plus systématiquement en 1880.
En fait, on a visité qu'une toute petite partie de la ville parce que la superficie totale est énorme. L'impression est t! rès étrange. Pompéi est en ruine, bien sûr, mais ces ruines sont... en bon état, bien conservées, quoi. On entre dans les maisons, les boutiques sans se rendre réellement compte de la tragédie qu'il a eu lieu. On pense être dans une cité qui, comme Delphes par exemple, s'est abîmée après son déclin.
Et là, on arrive dans une salle d'une maison quelconque et on se retrouve en face de moulages de plusieurs corps pétrifiés. Et à voir leur posture, on se rend bien compte que la mort n'a pas été douce... Ça change tout de suite la vision de la ville.
En fin de matinée, nous reprenons la route vers le nord de l'Italie et la France. Une boutique de Pompéi
On arrive à Florence en fin d'après-midi. On y fait une petit arrêt , juste pour visiter la Cathédrale Santa Maria del Fiore, communément appelée le Dôme. C'est un très belle église faite de marbre blanc et vert. A l'intérieur, il y a plusieurs pendules à cadrans de 24 heures et non de 12 comme habituelleme! nt. On peut monter au sommet du dôme ou descendre dans la cryp! te mais c'est payant. Et étant donné que c'est la fin du voyage, je suis raide fauchée ! Alors je m'en passe.
On s'installe sur un parking, un peu en dehors de la ville pour dormir. Nuit mouvementée : deux qui s'étaient éloignés de leur duvet ont été "cambriolés". C'est la première fois que ça arrive car jusqu'à présent, on dormait tous groupés.
Le Dôme de Florence Le Dôme : détail
Jeudi 17 août :
Rien de particulier aujourd'hui. On roule toute la journée. On passe la frontière dans l'après-midi. Notre dernière nuit se passe sur une aire d'autoroute. Comme par hasard, ce soir à nouveau, personne ne s'éloigne du troupeau !
Vendredi 18 août :
Arrivée à Perpignan en fin de matinée. On mange tous ensemble une dernière fois dans la cour du local des Eclaireurs. Puis, c'est le ménage en grand. Le car en entier et jusqu'à la moindre petite gamelle, tout y passe. Quand on retrouve les parents, c'est nous qui sommes dég! ueulasses.
Je passe la nuit chez ma tante et le lendemain, je passe 9 heures dans le train pour retourner chez moi en Vendée. Je suis super contente de mon voyage mais ma famille devra attendre avant que je leur raconte. Je veux dormir d'abord !