Un mois sur les routes de la Grèce par Lucie et Jean



Un mois sur les routes de la Grèce par Lucie et Jean

Sommaire

  1. Un mois sur les routes de la Grèce

  2. Découverte des Météores

  3. La côte littorale grecque

  4. Le site antique d'Olympie

  5. Arrêt dans plusieurs villes grecques

  6. Andirion et Vonitsa

  7. Traversée de la Céphalonie

  8. Fin du périple en Grèce


Un mois sur les routes de la Grèce

Le mois de mai 2005 marque le début de nos vacances grecques, que l’on programme jusqu’à la fin Juin.  Visiter à notre guise les sites archéologiques, tout en gardant un rythme relax, tel est notre but, puis explorer d’autres régions plus méconnues mais cependant intéressantes.

Nous devons rejoindre la Grèce par la voie maritime Ancône-Igoumenitsa et en ce moment nous traversons l’Italie d’ouest en est. Hier nous avons eu un arrêt nuit sur une aire de repos près de Nice, où nous avons gardé un œil ouvert scrutant le moindre bruit suspect, forts de notre précédente expérience qui nous a valu un cambriolage complet du camping car alors que nous étions dedans en plein sommeil…..

Repos à peu près correct accompagné du ronronnement des frigorifiques, nombreux sur cette aire. Quand l’un cesse, l’autre prend le relais jusqu’au matin. Du coup on est opérationnels très tôt et l’on reprend la route dès 6 ou 7 heures, sitôt que la nuit s’est sauvée.

Lundi 16 Mai

Lundi de Pentecôte…..Comment va se passer cette journée chez nous ?..... Difficile de savoir, car on a déjà perdu les radios Françaises, seule la radio Italienne nous prodigue ses informations auxquelles on ne comprend pas grand-chose, mais ça meuble !....On pense bien fort aux travailleurs Français auxquels on a subtilisé un jour de repos, comment vont-ils réagir ? On va tenter d’avoir des nouvelles même en italien.

On a eu bien tort de quitter l’autostrade à Rimini. Cette route côtière est vraiment inintéressante et impossible. Circulation folle, désordonnée….Ceci confirme la première impression  que l’on avait eue lors d’un précédent voyage, il y a bien longtemps. En plus tout a empiré.

Il nous faudrait trouver un camping pour la nuit sur cette route qui longe la mer….La Longomare on l’appelle ici. Je pense que l’on va avoir du mal, car même le stationnement pose problème. Tout est complet sur cette côte des loisirs permanents, pourtant on est seulement à la mi Mai. On décide donc de se replier sur l’autoroute pour dormir parmi les camions.

Mardi 17 Mai

Aire sur l’autoroute Ancône Pescara.
Temps très chaud aujourd’hui, il fait déjà 26° dans nos appartements. Après étude de la carte, on vient de décider de sortir à Porto Recanati, puis de longer la route vers le Monte Conejo. On aura ainsi un petit parcours reposant dans la montagne, avant notre embarquement demain 18 à 16 heures. Nous avons donc une journée entière à utiliser comme bon nous semble.

Visite de Ferno, ville moyenâgeuse et haut perchée. Elle possède une belle place del Popolo, où les palais sont reliés par-dessus les ruelles antiques par des arches peintes en jaune, couleur moderne d’un effet plus que douteux.

Vers le Monte Conejo, il y a quelques belles échappées panoramiques sur la mer et sur Porto Novo au creux de sa baie, ainsi que sur les villes de Numana et Sirolo bâties sur des sommets très élégamment. Quant au Monte Conejo, noyé dans la verdure, on n’a pu l’apercevoir. Je pense qu’il est fréquenté surtout l’été où les promenades pédestres pour l’atteindre, longues de 7 à 8 kilomètres s’entrecoupent d’escales, cafés américains ou autres.  Aujourd’hui, c’est juste le royaume des lapins.
Evidemment, il n’y a pas de camping dans cette région peu touristique, en cette pré saison, on retourne donc sur l’autoroute. C’est à peine croyable !....

Mercredi 18 Mai
Aire Esino, sur l'autoroute au niveau de Senigalia.
Bien dormi, malgré une pluie battante toute la nuit, ainsi que les bruits habituels auxquels, la fatigue aidant, on finit par ne plus faire attention. bateau de Anek Lines
Beau soleil ce matin, mais on est stationnés sur une énorme flaque d'eau qui m'empêche de sortir du véhicule. Je me cantonne donc dans mes appartements.
On attend 9 heures pour rejoindre Ancône, flâner un peu et joindre le port.
C'est fait ! On est sur le port, avec plein d'autres véhicules. Nous faisons des photos de la ville, du port et des bateaux. Au moment d'entrer dans le ferry, on pense avoir accompli toutes les formalités mais il nous manque le « check in », sorte de confirmation de voyage, que l'on va faire au bureau du port situé à l'autre bout de la zone portuaire.

C'est notre premier voyage en « open dek », c'est-à-dire que notre cabine est notre camping car lui-même, c'est curieux, mais commode après tout. Le pont est une immense verrière à grandes baies devant lesquelles on se range pour ne pas perdre une miette de la traversée. autre bateauOn visite ce beau et grand bateau de la compagnie Anek Lines, puis on va dîner au restaurant, où les produits Italiens sont à l'honneur. D'un air mi figue mi raisin et peut être un rien condescendant le maître d'hôtel me demande « Comment ça va en France » ?....et je m'entends lui répondre que tout va très bien, ce qui est loin d'être le cas, mais après tout ce n'est pas son problème..

Pendant une grande partie du trajet on apercevra les côtes et quelques terres émergées. Il est vrai que la voie maritime passe dans le couloir situé entre les deux pays : Italie et l'ancienne Yougoslavie. A proximité la côte >Dalmate que l'on appelle le pays des mille îles, plus tard ce sera l'île de Corfou puis la Grèce qui agrémenteront cette courte traversée de 16 heures à peine.

Très joli parcours, trop vite passé. Nous avons bien dormi dans notre lit, près des grandes baies arrondies qui laissent voir le paysage. Il est 6 heures 45, mais il faut avancer les montres dune heure, ce qui veut dire que l'on arrive. Sortons du bateau sans aucune vérification d'identité, car nous sommes en Europe et par la même occasion en Grèce.

Jeudi 19 Mai

La ville d'Igoumenitsa est toujours en travaux commencés il y a vingt ans au moins et les déviations signalées au départ coupent court à toute indication postérieure. Résultat, dès le départ on se trompe de direction et devons rectifier en revenant sur nos pas en pestant.théâtre antique de Dodone

A vingt kilomètres de Ioanina, nous retrouvons Dodone, telle que nos souvenirs l'avaient gardée. On entre dans la ville de l'oracle, où trône le magnifique théâtre antique, plus vaste que celui d'Epidaure. Des étudiants architectes assis sur les gradins dessinent sagement Il règne une atmosphère dans ce site étrange qui fut dédié à Zeus au IIIme siècle avant notre ère. Je n'ai pas encore compris pourquoi il y a si peu de visiteurs,dans ce site reposant et si bien conservé où les ruines confèrent une imposante majesté.

D'ailleurs aujourd'hui le vent souffle dans les branches des chênes millénaires, ainsi qu'au temps où les prêtres interprétaient le bruissement de leurs feuilles comme des prédictions avant de les communiquer à leurs fidèles.
Des fouilles sont en cours à Dodone, pour retrouver d'autres vestiges, les archéologues ont du pain sur la planche pour longtemps.
Il s'agit maintenant ruinesde joindre Ioanina, pour prendre la route transversale jusqu'aux Météores. Cette route autrefois étroite et bombée a été améliorée par des couches d'asphalte ajoutées, qui en font une surface bien plate, mais sans souci des bas côtés. Ceux-ci coupés net réservent de sacrées cabrioles si l'on se range trop au bord..et gare aux précipices qui longent l'itinéraire.

Cette région s'appelle la Thessalie et nous traversons la chaîne du Pinde aux sommets impressionnants. La route grimpe à travers la montagne pour atteindre le col de Katara le plus haut col routier de la Grèce. Les montagnes environnantes sont couvertes de neige, l'air est un peu frisquet par ici. Les paysages nous sont plus familiers maintenant, car nous avons traversé le nord du pays plusieurs fois lors de nos expéditions en Turquie, Syrie et Jordanie. La Grèce pour elle-même, ce fut en 1886 et ce fut un voyage mitigé.
Car à notre avis ce pays n'est pas fait pour les vacances. Ce qui n'enlève rien à sa beauté, au contraire et d'ailleurs c'est bien à cause de ses trésors qu'il est autant visité. Mais aucun répit n'est possible, il faut passer d'un site à l'autre sans espoir de pause, puis se réfugier au camping s'il y en a un à proximité. De plus, la chaleur dès le mois de Mai est intense, il y a peu d'ombre et presque pas d'arbres dans les zones de stationnement. Il faut être dans une forme ...Olympique !

Sur les sites les autres visiteurs sont si nombreux qu'il faut déployer des trésors de ruses ou de véritables prouesses pour réaliser des photos dignes de ce nom. Voila nos griefs ..quelques uns seulement, car nous en trouverons d'autres bien sûr !...camping de Vrachos
Nous passons Kalambaka, puis retrouvons Kastraki et le camping Vrachos, au pied des Météores. Nous recevons toujours le même accueil chaleureux, accompagné d'un loukoum et.d'un joli plan détaillé pour la visite des monastères.
Il y a beaucoup d'étrangers en Grèce en ce moment, de Français point..mais vraiment pas un seul..Ah si ! nous sommes là quand même !...
Les pics environnants qui cernent le camping sont éclaboussés des lumières de la ville qui leur donnent d'étranges formes. Les restaurant et tavernes sont vides, ce qui peut signifier que la Grèce ayant haussé ses prix depuis les jeux olympiques en 2OO4 doit se contenter d'une clientèle restreinte. Il faut savoir ce que l'on veut !...
On rejoint nos appartements à côté d'une haie de lauriers roses qui commencent à fleurir et d'un camping-car d'Allemands qui disposent en plus d'un scooter, pour se déplacer en ville. Situation parfaite.On se prend à les envier lorsqu'une averse inattendue se met à tomber drue, alors qu'ils viennent de partir, nous confortant dans l'idée qu'on ne peut tout avoir.

Découverte des Météores et visite de Delphes, Corinthe et Mycènes

Vendredi 20 Mai

Camping Vrachos à Kastraki.le monastère Agios Georgios bâti sur un rocherY a-t-il rien de plus beau que les Météores au soleil du matin ? C’est assurément la beauté à l’état pur….La route monte, en lacets serrés à l’assaut de ces étranges tours rocheuses, sculptées et polies par les caprices de l’érosion. Sur chaque sommet est érigé un monastère, véritable nid d’aigle qui domine toute la vallée. Mais Agios Georgios est le seul à être creusé dans le rocher à mi-hauteur. C’est là qu’à Pâques de jeunes grimpeurs viennent nouer leur foulard comme un ex- voto dédié à Saint Georges après avoir varappé sur le rocher lisse. Depuis la route on croit voir un séchoir à linge, mais en réalité c’est un courageux acte de foi, doublé d’une jolie tradition  plus que millénaire.

Il y avait trente monastères au XIme siècle. Leur construction permettait à des ermites de se retirer dans la solitude et de prier. Plus tard c’est pour se soustraire au brigandage qui sévissait que les moines se retirèrent dans ces lieux difficiles d’accès, où les matériaux et même les hommes étaient hissés à l’aide de treuils.
Il n’en reste plus que cinq ou six  aujourd’hui. Ils ouvrent leur porte au tourisme qui peut arriver jusqu’à eux, grâce à des escaliers taillés dans le roc.

Sur notre route, nous avons vu, dans l’ordre : Agios Nikolaos, Roussanou, Varlaam, Great Météoro, Agia TRiada et Agios Stéphanois.
Nous visitons Varlaam : Icônes, bois sculptés, incrustés de nacre, reliquaires, objets religieux d’or ou d’argent, enluminures sur parchemins manuscrits signés de noms prestigieux, comme l’empereur Constantin.

On ne peut manquer d’être impressionnés, pourtant la  visite du cellier nous réserve d’autres étonnements…Trône ici, un superbe tonneau de bois, pouvant contenir 12OOO litres de vin. A quoi servait cette réserve dans ce monde où pénitence, privations et jeûne étaient les maîtres mots quotidiens ?

Monastère de Varlaam
La tour a gardé son treuil et ses cordes, servant à la dernière ascension du jeune moine, lové dans sa nacelle, c’est très émouvant !...Il y a aussi une autre tour, avec des cellules bâties au-dessus du vide, il y en a une cinquantaine, c’est là que l’ermite  coupable de manquement à son devoir religieux était enfermé le temps de sa pénitence. Ces mesures cruelles sont abandonnées de nos jours, d’ailleurs il n’y a presque plus de moines.
Il y en a un en haut de l’échelle en train de cueillir des cerises, tout en s’empiffrant. Il nous fait bien rire et l’on pense qu’un Dieu bon et généreux ne peut que l’absoudre de son péché de gourmandise….Ce rie d’humanité, nous fait adorer les monastères des Météores, tout au moins ce qu’ils sont devenus avec le temps : de magnifiques monuments où son conjugués le talent de Dieu et celui des hommes.

Monastère de Varlaam Au bout du plateau, enfin se dresse Agio Stéfanos, le seul couvent de nonnes où elles cultivent les traditions de la peinture d’icônes, de la broderie et du chant C’est de là que l’on prend le temps de contempler la vue sans égale sur Kalambaka et la plaine où coule le fleuve Pénée, qui façonne le paysage.le monastère de Agio Stéfanos

Samedi 21 Mai

Camping Vrachos à Kastraki…..Vers Kalambaka, Trikala et Delphes.
Il a plu toute la nuit, le temps est gris ce matin, mais un carré de  ciel bleu s’est glissé entre les pics gris des météores, que l’on voit depuis notre place de camping. Tous les espoirs de beau temps sont permis.
On refait la route jusqu’à Agio Stéfanos pour réaliser une photo au matin et aussi pour s’assurer que cette route ne va pas plus loin et qu’elle s’arrête et au monastère, comme c’est le cas, on doit rebrousser chemin jusqu’à Agia Triada à deux kilomètres à peine. A l’angle se dresse un magnifique oratoire fleuri où les gens du pays viennent se recueillir, mettre des fleurs, de l’huile dans la lampe qui brûle jour et nuit, épousseter et prier. Il y en a partout de ces petites chapelles dressées à la mémoire de victimes de la route. Certaines à coupoles sont de véritables œuvres d’art, d’autres plus modestes témoignent qu’une vie s’est arrêtée là, tout d’un coup. Il y en a hélas ! une infinité sur tous les itinéraires.

On traverse la Thessalie, Delphes Defoï en Grec sera notre prochaine étape.

Il n’est pas question de passer la nuit librement sur un parking en Grèce. Il faut impérativement prendre une place de camping ou une chambre d’hôtel. Les « rooms to let » sont si nombreuses dans le pays que leur nombre est supérieur à celui des habitants. Je ne parle pas des tavernes qui pullulent sans la moindre clientèle. Pourtant la vie se déroule douce sous un ciel bleu….

Nous trouvons à nous caser au camping Apollon où les Français sont absents. Comment s’étonner que notre langue disparaisse peu à peu dans tous les pays rencontrés, alors que l’italien progresse avec les visiteurs qui arrivent nombreux et curieux de tout. Nos compatriotes arriveront demain sur le site, par autobus entiers , solution facile après tout et les commerçants leur font une grande place….

Donc, pour l’instant, nous sommes perchés tout en haut de la falaise, tranchée à la verticale, devant un somptueux panorama sur les villes situées autour du golfe d’Itéa, sur les vignes et les oliviers. Le ciel clignote d’étoiles, en se reflétant sur une mer d’huile. Beau temps pour demain.

Dimanche 22 Mai

Camping Apollon à Delphes.

Beau soleil dès 7 heures (8 ici). On va visiter la zone archéologique que l’on n’a pu retrouver hier au soir. Sans doute l’heure matinale va nous permettre d’avoir le site pour nous presque seuls. On peut toujours rêver !...

Delphes.Mais les autocars occupent déjà tous les parkings et l’on doit rouler un kilomètre plus loin pour se garer. C’est pareil pour les monuments envahis par les groupes et les guides parlant haut et fort.
Delphes est un endroit absolument magique…et dire que le village moderne de Delphes était entièrement bâti sur le site antique, rendant les fouilles impossibles. Il a fallu toute l’obstination de l’école Française d’archéologie pour convaincre le gouvernement Grec de déménager 5OO mètres plus loin. Le Parlement Français finança le déplacement et la construction des maisons à leur emplacement actuel. Inaugurée en 19O3, la ville antique est devenue le site le plus visité de la Grèce après l’Acropole.

Accrochée aux flancs du Mont Parnasse, la vieille cité étage ses ruines blanches parmi les pins, les oliviers, ruines blanches de Delphesque dominent les cimes pointues des cyprès. On récupère l’émotion qui nous avait étreints lors de notre première visite, il y a 2O ans déjà.  Nous grimpons sous un soleil de plomb le long de la Voie Sacrée, atteignons le petit temple dorique de marbre blanc. C’est le fameux Trésor des Athéniens qu’Athènes fit ériger pour abriter le butin pris aux Mèdes, lors de la bataille de Marathon. 490 avant JC.

La Voie Sacrée se poursuit et rejoint le temple d’Apollon, dont il ne reste que six colonnes qui se découpent sur le ciel bleu. C’est au pied de l’autel, que la Pythie donnait ses fameux oracles, assise sur un trépied près de la pierre Omphalos qui situait ici le centre de l’univers. On s’attarde un peu sur les vestiges du temple, chacun s’aidant de l’histoire et de son imagination.

Les groupes ont suivi la Voie Sacrée jusqu’ici puis se sont dispersés. Il faut dire que le sentier continue de monter à pic, jusqu’au théâtre bien conservé, qui contenait 5OOO spectateurs. C’est de là que nous avons pu avoir les plus belles images de l’ensemble du site de Delphes et le panorama sur la vallée est merveilleux.

Il y a encore un effort à fournir pour joindre le stade par un petit chemin pentu, tout en haut de la colline. Il n’y a plus que les sportifs qui arrivent jusque là et aussi les vrais curieux de l’histoire. Construit au IIIme siècle avant JC il est superbement préservé. On peut sans problèmes imaginer les 7OOO spectateurs qui l’occupaient , lors des jeux Pythiques qui comportaient des compétitions sportives et intellectuelles. Ces jeux avaient lieu tous les quatre ans. On remarque à l’entrée, les dalles de marbre avec les rainures pour caler les pieds à la ligne de départ, sorte de starting blocks avant la lettre en somme.
le stade antique de Delphes.On n’est plus qu’une petite poignée au stade, les plus sportifs essaient de parcourir les 177 mètres de longueur en courant. Le retour à la ligne de départ se fait plus calmement.

Nous descendons le sentier jusqu’au théâtre, le temple d’Apollon, puis le Trésor en faisant les photos que l’on n’a pu faire à la montée, à cause de l’envahissement trop important, malgré l’heure matinale….D’autres groupes arrivent… C’est la rançon du succès !

Il nous reste à voir les ruines de Marmaris de l’autre côté de la route. On y trouve le sanctuaire d’Athéna que l’on devine grâce à des fondations de murs et des bases de colonnes endommagées par des éboulements de rochers, ainsi que la Tholos dont il ne subsiste que trois colonnes, visiblement restaurées, c’est ce qu’ils appellent l’anastylose.
ruine de Marmaris Ce curieux édifice circulaire était destiné à je ne sais quelle déesse peut-être Gé patronne de la Terre et mère des Titans. Les pèlerins venaient la prier avant de se rendre au temple d’Apollon.. C’est ce monument que les dépliants touristiques de la Grèce arborent comme invitation au voyage dans ce pays.  C’est tout ce qu’il reste des sanctuaires qui occupaient le site, plusieurs siècles avant JC, les pierres ayant servi à d’autres constructions, ainsi que les blocs de marbre et peut-être des fûts de colonnes. D’où le nom de Marmaris qui veut dire Marbre.
Le cadre cerné de montagnes piquetées de sapins est un magnifique écrin à ce pur joyau qu’il faut déchiffrer lentement  pour nouer tous les liens de l’histoire ancienne.

D’autres groupes arrivent maintenant. Il y a beaucoup de Français et des Asiatiques à la pelle. Les dames sont pittoresques, toute petites, avec d’immenses capelines de toutes les couleurs pastel : bleu, rose ou jaune chacune flanquée d’une ombrelle imprimée de fleurs de lotus ou de feuilles de bambou, mais parfois blanche et toute brodée, elles prennent des photos de leurs petites mains habillées de mitaines, pour se protéger du soleil qui colore la peau. Dans les pays où le hâle est mode, elles prônent la blancheur, du teint synonyme de douceur et de beauté dans leur pays. C’est ce que je croyais, jusqu’à ce que j’apprenne que, montrer le moindre bout de peau est prohibé par leur religion et même répréhensible. C’est fou, le nombre d’interdits qui frappent les femmes partout dans le monde !...

La flânerie parmi les légendes racontées par les pierres prend fin …Il est je ne sais plus quelle heure, mais on a soif, faim et nos jambes demandent grâce. On se fait un petit dîner frais sur le parking où le soleil règne en maître, je crois qu’il fait 4O° dans nos appartements, donc, on ne traîne pas et l’on va prendre avec appréhension la route vers Athènes, remettant à plus tard la relaxation dont nous avons besoin.

Lundi 23 Mai

De Delples à Athènes la route se faufile au milieu de la presqu’île de l’Attique, mais on ne voit rien d’autre qu’une circulation effrénée, dans laquelle il faut se frayer un chemin. Lors de notre précédent voyage nous avions trouvé refuge au camping de Daphni, juste à l’entrée de la ville. Mais il n’existe plus aujourd’hui. Notre guide nous oriente vers le quartier Kifissia que l’on ne peut manquer écrit il témérairement, si l’on suit ses indications. Hélas ! on le manque bel et bien, à cause d’un pont passé dessus et qu’il fallait passer dessous, donc on perd l’itinéraire. Le retour en arrière étant impossible, le hasard nous fait découvrir un autre camping où l’on atterrit avec soulagement. C’est l’heure de la sieste à notre arrivée, bien qu’il soit 17 heures passées. La porte d’entrée est fermée, on stationne donc devant la porte en attente de la fin de cette pause sacrée.

La propreté n’est pas le fort de ce lieu pourtant situé dans la capitale et pour joindre la ville, il faut prendre trois moyens de transports, dont un taxi. Alors on va à regret faire l’impasse sur Athènes que nous aurions aimé revoir, en projetant de revenir à notre retour.

C’est avec soulagement que l’on quitte les abords de la ville infernale et l’on va tenter de joindre le Péloponèse où l’on espère trouver un peu de calme pour poursuivre notre voyage.vue du Pont de Fer

On file donc sur Corinthe, Korinthos en Grec. Les 8O kilomètres qui séparent les deux villes Athènes-Corinthe sont plutôt stressants car l’on doit se glisser dans une file ininterrompue de camions. Le réseau férré étant insuffisant les échanges commerciaux se font par la route et rendent les        parcours touristiques vraiment très difficiles. Mais Corinthe est obligatoire pour se rendre dans la presqu’île de Pélops, le Péloponèse. Alors patience !...
J’ai souvent parlé du fameux canal que nous avons emprunté à plusieurs reprises, par voie maritime et terrestre. Il nous subjugue chaque fois. Aujourd’hui nous nous frayons un chemin sur le pont de fer qui surplombe la route d’eau. Justement un navire fait la traversée précédé du remorqueur qui le tire dans l’espace réduit, large de 24 mètres seulement, pour l’amener jusqu’au port du Pirée .Ce serait l’empereur romain  Néron qui le premier eut l’idée de ce projet et inaugura les travaux  en 67 après JC avec une pelle en or. Plus simplement les Français reprirent les travaux en 188O. Ceux-ci furent terminés par les Grecs en 1893. Depuis cette date, le Péloponèse est devenu une île reliée au continent Grec par la route dur le canal. Nous reviendrons à Corinthe au retour.

Mardi 24 Mai

le temple d'Aphrodite sur le sommetAcropole fortifiée, l’Acrocorinthe conserva longtemps une importance stratégique de premier plan. L’antique cité grecque devient franque en 1210, soumise par guillaume de Villehardouin. La montée assez rude, longe les remparts et depuis les tours de guet le panorama sur la vallée est superbe. A l’infini, les vignes découpent l’espace en carrés où croissent aussi des oliviers. La vue sur le golfe de Corinthe complète la splendeur du cadre. La pente raide, parsemée de ruines nous conduit aux vestiges du temple d’Aphrodite, sommet de l’expédition, puis c’est la descente et le départ vers Mycènes.
La route vers la presqu’île de l’Argolide est brûlante « ici, l’ombre est un rêve » disait je ne sais plus quel poète inspiré. Lorsqu’on aperçoit un parc arboré faisant face aux ruines de Thyrinthe on sait qu’un dieu  bon s’est glissé dans ce monde sans pitié…
Après la pause repas, nous contournons le site déjà fermé pour cause d’été et de « manque de personnel » nous dit on à l’envi.  On peut quand même en longeant les remparts clôturés, admirer cette construction faite d’énormes blocs de pierres de 1O tonnes chacun, les murs cyclopéens rendaient imprenable cette citadelle militaire. Ici se mêle l’histoire réelle d’Amphitryon roi de Thyrinthe et la légende d’Hercule et de ses douze travaux.
C’est ainsi qu’au cours de notre voyage le lointain passé émerge continuellement dans le présent et que notre parcours touristique se double d’un pèlerinage dans l’histoire.

Bientôt nous atteignons Mycènes, où l’histoire devint tragédie, la plus sombre des tragédies.

Dès 15 heures le site étant ferlé il est désert. On peut apercevoir la colline où s’échelonnent les ruines de l’orgueilleuse cité des Atrides, puis nous préparer à la visite demain matin à la première heure. Nous trouvons refuge dans un camping à l’entrée de la ville, le même qu’à notre précédent voyage. Calme, fraîcheur et sérénité nous reposent d’un climat d’enfer, dans lequel on évolue toute la journée.

Porte de la ville de Mycènes Au matin  il y a déjà beaucoup de monde à la porte des lionnes où chacun fait sa pose photo. Ainsi la foule grossit à vue d’œil, sans dégager l’entrée, la visite va être longue….

         Cette porte commandait l’entrée de la ville, bâtie au IIième siècle avant JC. Elle est entourée de remparts, faits de blocs de pierres énormes, qui ont donné le nom aux murs cyclopéens, c’est à dire  faits par ces géants les cyclopes. La porte elle-même est surmontée du triangle de décharge dont la sculpture est l’une des plus connues au monde : les deux lionnes au corps intacts, mais dont les têtes en bronze ont disparu au cours des séismes, des guerres, ainsi que les siècles passés.

On entre, enfin : A notre droite on trouve le cercle royal des tombes dont celle d’Agamemnon.  Les fouilles menées par schielmann ont révélé quantité d’objets précieux qui permettent de reconstituer l’histoire  de ces Atrides près desquels il ne devait pas faire bon vivre…. Vases, épées, bijoux, ainsi qu’un superbe masque d’or que l’on a attribué au roi. Il est aujourd’hui au musée d’Athènes.
tombe d'Agamemnon

Sur cette colline rocheuse, entourée de montagnes arides d’une sauvagerie oppressante, nous parcourons la cité des Atrides maudits par les dieux. La citadelle érigée en acropole n’était destinée qu’au roi, à la famille royale, aux nobles et à la garde. La ville proprement dite était concentrée au pied de la forteresse que l’on doit découvrir parmi les herbes sèches et les pierres ruinées.

En montant dans le sentier rocailleux, aux marches approximatives, on entre dans les ruines de la ville, puis tout en haut celles du palais. Rien ne le distingue des autres vestiges de maisons, sortes de rectangles de pierres, formant les murs démolis au ras du sol. C’est ici qu’il faut se remémorer la cruelle histoire de ce peuple , si l’on veut que la visite de ces ruines ait un sens…Alors les pierres s’éveillent et avec elles tous les mythiques personnages qui vécurent ici, s’entretuant les une les autres afin de prendre le pouvoir. Ils commirent les pires exactions dont Homère s’inspira pour construire sa tragédie  « Le sang des Atrides », ce récit tellement,nt cruel qu’il fit penser à une œuvre de pure imagination.  Mais la découverte des tombes royales, apprit la réalité des faits, ainsi que la révélation d’une société Mycénienne où les arts eurent une place importante.

Avec le Trésor de l’Atrée, nous terminons la visite de Mycènes. Ce bâtiment est la plus grandiose des tombes découvertes ici.  Passé la porte et son monumental linteau (12O tonnes je crois) on a devant soi les murs cyclopéens, faits d’un savant assemblage de pierres disposées en éventail jusqu’au sommet, sorte de coupole à 13 mètres au-dessus de nos têtes. Cette sépulture aurait abrité la dépouille d’un roi : peut-être Atrée le fondateur de la dynastie….

Nous quittons la ville fantôme, pour joindre Epidaure et son très célèbre théâtre.

Il est superbe, grandiose, intact, un peu restauré peut-être. Il a traversé les siècles sans dégradation. Nous sommes sous le charme. Ce sont les membres Français de l’expédition scientifique qui ont retrouvé ce théâtre complètement enfoui sous les pins et les oliviers, protection  naturelle qui lui a permis de se conserver jusqu’à nous. Il est considéré comme le plus parfait de l’Antiquité, harmonie architecturale  et acoustique extraordinaire. Des représentations antiques ont lieu encore de nos jours pour les 17000 spectateurs que peuvent contenir les gradins.

le théâtre d'EpidaureNous avons grimpé tout en haut, nous accrochant à la corde de salut, en cas de glissade. Sous nos yeux les gradins blancs s’échelonnent en arcs de cercle jusqu’au sol.  La scène envahie ce soir par de nombreux touristes reçoit encore les textes de Sophocle ou d’Euripide qui retrouvent vie dans leur décor d’antan, tandis que La Callas y chantait ses meilleurs livrets. Il est impossible aujourd’hui de faire l’expérience du chuchotement que l’on entend distinctement du dernier rang alors qu’il est proféré depuis la scène. Des groupes sont là à se dire des blagues en riant à gorge déployée, alors on va de ce pas voir le musée d’Asklépios, où sont exposés des instruments chirurgicaux, des recettes de remèdes, des moulages de serpents, dont le célèbre médecin s’était inspiré pour orner son caducée. On y trouve aussi des ex-voto remerciant le savant pour une guérison. N’empêche que Zeus n’hésita pas à le foudroyer, jaloux de l’influence et de la popularité d’Asklépios qui voulait soigner le monde et rendre l’homme immortel.

Le soleil en se couchant amène vite la nuit. On est ici loin de partout et le parking sous les pins est déserté par les bus rentrés à leur hôtel. Peu à peu les dernières voitures partent aussi et on est seuls, un peu inquiets quand même. Heureusement, d’autres camping-cars  arrivent et s’installent pour la nuit. La fraîcheur et le silence font place à l’incroyable effervescence de la journée. Bon sommeil réparateur.

La route littorale de la Mer Egée : arrêt à Mystra, Magne et autres petits villages

Mercredi 25 Mai

Epidaure, aréa d’entrée, sous les pins, vers Mystra. En venant de cet enfer de pierres brûlantes nous allons nous efforcer de longer la mer Egée dès aujourd’hui, en suivant une route qui passe tout en haut des falaises et rejoint le sud-est du Péloponèse. Cette route littorale traverse des paysages rocailleux où les lacets serrés donnent parfois le tournis. Tout près de Léonidio on découvre un superbe emplacement pour notre repas de midi, merveilleux belvédère au-dessus de la mer . Plein de casiers à poissons quadrillent toute la crique et  les bateaux à moteurs parcourent les espaces pour apporter la nourriture à cet élevage hors du commun. Face à nous, s’étire au soleil un village tout neuf à maisons peintes de couleurs pastel roses, jaunes, bleues, rarement blanches.

La route devient étroite, les croisements difficiles, il faut raser la droite et rentrer dans les lauriers roses qui poussent en forêt tout le long, sans oublier que là justement il y a le précipice, planqué sous les fleurs…..le Monastère d'ElonisTout en haut d’une falaise boisée, dans une fente du rocher, surgit en hauteur vertigineuse, une construction, surprenante à cette altitude. Est-ce un hôtel ? Ou bien un château ?  On ne sait pas encore. On observe aux jumelles, le mystère subsiste. Un panneau placé dans les feuilles d’un figuier nous renseigne, c’est le monastère d’Elonis qui fut grâce à sa difficulté d’accès mis à l’abri des persécutions fréquentes dans ce pays à une certaine époque.

Puis c’est la traversée de petits villages aux rues étroites, que l’on traverse avec quelles difficultés ! …Les balcons débordent dangereusement ainsi que les marches des a dû nous maudire.

Ainsi est faite la voie principale qui est aussi une route nationale, composée de marches empierrées. La traverser nous comble d’inquiétude, car en plus elle est à double sens, pourtant tout se passe bien, on n’a pas rencontré de circulation inverse et c’est un  ouf ! de soulagement à la sortie du village.

On retrouve en bord de route, les herbes folles jamais coupées et qui atteignent des hauteurs invraisemblables, elles s’inclinent vers les carrosseries en dessiannt d’indélébiles estafilades. Ce n’est pas pîre dans la savane.

On arrive dans la soirée à Mystra et on décide pour la nuit d’opter pour le château de Guillaume. Bon sommeil, juste au-dessus des ruines de la ville fantôme et sous le château forteresse.

Jeudi 26 Mai

Parking de Mystra, près de l’entrée du château.

le château de GuillaumeDès huit heures à l’ouverture, on commence la montée, car on sait par expérience que s’annonce une rude journée.  Les groupes arrivent aussi, mais bien moins nombreux qu’à Mycènes ou, à Epidaure. Peut-être sont ils rebutés par la grimpette sur les pierres glissantes. C’est pourtant un site tout aussi spectaculaire que tout ceux visités jusqu’à ce jour. On aime beaucoup la partie haute de la ville  et le château franc de Guillaume de Villehardouin, enfin ce qu’il en reste, c'est-à-dire des pans de murs, donjons et créneaux laissant deviner la nature du bâtiment qui existait là en 1249 . Perché sur son rocher, à 62O mètres, il occupait une position idéale pour surveiller les envahisseurs, venant des monts Taygètes. La ville enrichie par le travail de la soie était très prospère et donc convoitée, s’y pressèrent des savants et des philosophes venus du monde entier. Ainsi vivait Mystra à l’ombre de ses églises où fleurissaient des fresques d’inspiration byzantine. Un superbe panorama s’étend à nos pieds, sur la plaine de Sparte et sur la ville basse de Mystra à visiter cet après-midi.
Un petit temps de repos est nécessaire après un frugal repas où dominent les tomates en plat principal. Elles sont bien mûres fermes et goûteuses, on ne s’en lasse pas, heureusement pour nous !./…On trouve aussi des poivrons, concombres et oignons doux, tous ces légumes font de somptueuses salades qui président à tous nos repas….

On rejoint la ville basse vers 14 heures3O…Las ! c’est bien trop tard pour visiter, car le site ferme ses portes à 15 heures. Donc, il faudra revenir demain, s’offrir un nouveau billet d’entrée. Plein de touristes sont comme nous, dépités, mais c’est ainsi dans les pays chauds….

La pluie se met à tomber, drue et il faut trouver quelque chose à faire en attendant demain. On décide de partir vers Tibni, afin de traverser les Monts Taygètes, aux gorges profondes rappelant le Verdon. Le temps n’est guère favorable, des nappes de brouillard nous enveloppent, nous empêchant de voir le paysage  et compliquant la circulation. A 1350 mètres nous stoppons dans le col pour attendre que les nuages s’éparpillent. C’est  alors la splendeur des monts qui composent ce massif tragique où les vieux spartiates précipitaient les enfants chétifs ne pouvant répondre aux exigences demandées aux enfants de troupe, auxquels ils étaient tous destinés.

On ne traîne pas sur cette route, même si le soleil est revenu. Nous retournons au château  prendre notre place comme pour la nuit précédente. . D’autres camping-cars  arrivent et font la chenille derrière nous. Mince ! La police rapplique et nous intime l’ordre de quitter les lieux. Difficile problème pour tout le monde. Il fait nuit maintenant…Comment trouver un endroit non interdit dans ce pays où les touristes en solo ne sont pas si bien accueillis que ça ?  Personne en ce moment précis n’éprouve la moindre sympathie pour la Grèce qui n’a pas su gérer l’engouement des voyageurs non organisés que nous sommes.
Râler ne sert à rien de constructif. Le camping Mystra est situé à la sortie de la ville. On le trouve par hasard grâce à une enseigne peinte sur une camionnette. L’accueil est sympathique, heureusement …Jovial disent les routards consultés incidemment. Les emplacements herbus semblent bien, mais on ne les voit pas, par manque d’éclairage. Il est seulement 8 heures 30, la nuit noire est tombée, mais il est trop tôt pour aller dormir. On décide une petite exploration à pieds. C’est alors que je percute une tente, trébuche sur les deux cordes, me rétablis, trébuche à nouveau et manque m’étaler sur le sol tout détrempé. Ce n’était pas la coque renversée d’un bateau comme je l’avais cru….Je range cette bévue dans mon bêtisier personnel déjà bien pourvu...

Vendredi 27 Mai

Camping de Mystra ; 7 heures, temps gris, pluie persistante une partie de la nuit.

Pris à contrecoeur il nous a conquis. C’est un joli camping herbu aux cases protégées par des treilles naissantes, projetant de l’ombre sur les occupants. Petit paradis dans ville de brutes, certes !...Mais eau froide aux robinets… Décidemment rien n’est parfait en ce monde !....

Visiter la ville basse de Mystra, est notre projet aujourd’hui. Il faut faire ce qu’on n’a pu réaliser hier à cause de la fermeture du site. Mais pays des mille difficultés on ne peut prendre place au parking  près de l’entrée déjà  rempli d’autocars, quant au parking voisin, il est interdit au camping-cars, ce pays est impossible…J’ai le spleen….Comment faire autrement, dans cette ville aux rue étroites et escarpées, alors on fait fi de l’interdiction et on stationne ici…

monastère de MystraCependant, la ville basse de Mystra comble notre attente de merveilleux, malgré des grimpettes continuelles au milieu des herbes folles et des cailloux glissants et roulant sous nos pieds. D’église en église, de musée en porte voûtée, de monastère en vestiges de ville, cette colline pentue o^chantent les cigales est un enchantement. Elle a réussi à convaincre l’UNESCO qui l’inscrivit au patrimoine mondial. De coupoles en  minaret, ces églises abritent de nombreuses fresques assez bien conservées, expressives et colorées, bien qu’ayant été peintes en 135O. Elles racontent la vie de la Vierge, la passion du Christ, la Cène, apôtres et saints sont représentés .On se demande comment les ottomans qui ont succédé aux francs ont continué à soigner ces peintures étrangères à leurs croyances, sans les dégrader comme ils l’ont fait en Cappadoce
Nous avons visité, Agia Sofia, Agio Nikolaos, Agio Georgios ? Voilà tous les noms que j’ai en mémoire, avec le monastère de la Pantanassa occupé par de nonnes artistes en broderies d’art, ou peintures d’icônes, en enluminures et vieux  parchemins
monastère de Mystra

En musardant sur le chemin du retour, on rencontre le Palais du Despote (drôle de nom pour un gouverneur qui se voulait démocrate). Ces despotes étaient les fils cadets ou les frères des empereurs en place qui leur donnaient des responsabilités mineures, pour leur faire oublier l’injustice du droit d’aînesse. Ce palais est une impressionnante ruine que l’on est en train de restaurer à l’identique, comme les dessins de l’époque nous l’ont transmis. Je ne dis pas que c’est une réussite complète, loin de là. Pour notre part, nous pensons que cette reconstruction toute neuve dépare le site, il faut compter sur la patine du temps qui fera son œuvre.

Traversons maintenant la ville fantôme, où l’on croit entendre les bruits familiers de la vie médiévale. Les avoies folles couvrent les pierres effondrées, il y a aussi des mauves comme des arbres, des orchidées sauvages et des bouillons blancs où volettent des papillons de toutes couleurs qui ont déserté nos régions depuis longtemps.

Merveilleuse petite ville de Mystra, endormie à l’ombre des cyprès, nous gardons un souvenir ému de notre promenade dans les ruelles du temps passé.

Avec Mystra, nous quittons le moyen âge pour nous plonger dans le présent. Le sud du Péloponèse a la forme d’une main …à quatre doigts. Il y a l’Argolide, la Laconie, le Magne, la Messénie Nous décidons de rendre visite au Magne qui nous semble sauvage et reposant, en prenant la route vers Githio. La pluie des monts Taygètes  a cessé, le soleil darde ses rayons les plus brûlants et nous aimerions bien flâner en cours de route. Mais la Grèce n’est pas un pays où l’on flâne aisément, nul accotement sur ces routes étroites jalonnées de gravats, de matériaux et d’ordures de tous ordres. Même en friche les champs ont une clôture barbelée décorée de chiffons qui flottent au vent. On remet à plus tard la pause repos et aussi celle du repas.

On traverse la ville de Githio en feintant à travers les sacs plastiques et les déchets évadés des poubelles. Un orage de fin du monde se déclanche au moment précis où l’on trouve refuge au bord de la mer. Est-ce que le Magne va nous décevoir ?....

Le Magne va nous enchanter, tant cette région est belle, sauvage, différente des autres….et puis nous la découvrons. La côte ouest par laquelle nous descendons est peut-être la moins typique, mais on commence d’apercevoir sur les éperons rocheux quelques maisons aux tours grises. Cette province est formée d’une série de montagnes parallèles à la côte et qui tombe brusquement sur la mer ; Ce sont les derniers contreforts des monts Taygètes. La route en corniche réserve des points de vue plongeants, magnifiques. On roule lentement pour pouvoir se donner le temps de voir, jusqu’à la pointe extrême du Magne, au port de Ghéroliménas où nous aurons la pause nuit.
« Souhaite que le chemin soit long, que nombreux soient les matins d’été où tu pénètreras dans des ports pour la première fois »…Bravo poète ! En voici un, au bout du monde…port de Ghéroliménas

76 âmes composent ce tout petit port de aux  9/10 inhabité. Les maisons tombent en ruine et les bateaux abandonnés, jonchent la plage de galets blancs où la pollution développe ses basses œuvres. Il faudrait peu de choses pour redonner vie à ce site sauvage et retiré, vraiment joli avec ses falaises noires tranchées net. Pour l’instant seuls quelques petits restaurants de poissons ont ouvert leurs portes et sorti des fauteuils d’osier près de la mer. On traverse la rue principale sans rencontrer âme qui vive, mais on repère l’amorce de notre route pôur demain.

          On s’installe pour la nuit sur une placette et échangeons des impressions avec d’autres camping-caristes. L’un d’eux nous dit tout de go  « Je me demande ce que je viens faire ici, alors que chez nous en France nous avons tout ce que nous pouvons désirer » !... Mais vous êtes Belge lui dis-je ! et lui de me répondre « Ca ne change rien d’ailleurs j’ai un ami Wallon qui dit la même chose » ! … C’est la plus belle phrase de tout notre séjour et j’ai trouvé l’ami Belge plein d’intelligence et de goût….

Samedi 28 Mai

port de GhéroliménasL’itinéraire est magnifique depuis Ghéroliménas jusqu’à Porto Kagio (Port aux cailles) tout au fond de la presqu’île du Magne. La route étroite, en corniche longe des paysages maritimes de toute beauté. Cette péninsule âpre, rocailleuse, brûlée par un soleil implacable et un vent continuel possède une terre pauvre où poussent quelques arbres nains, sans aucune autre culture. Ce sont des exclus, réfugiés dans ce désert de pierres qui peuplèrent ces montagnes arides. . Indomptables ils formèrent des clans familiaux, se chapardant un lopin de terre qu’ils gagnaient en s’entretuant. Ils s’y livrèrent des guerres sans merci comme en témoignent les centaines de tours fortifiées qui hérissent le paysage. Sentinelles défensives, toujours sur le qui-vive, elles témoignent des haineslocales qui ravagèrent toute cette âpre région. C’est curieux et surprenant ! Seul le premier étage de ces tours est habité, on l’atteint grâce à une échelle que l’on retire après usage… Ainsi la maison tour est imprenable… Certains « maniotes »lassés par d’incessantes tribulations levèrent le camp et se réfugièrent ….En Corse ! Oui madame !... Ils sont aujourd’hui citoyens de la ville de Carghèse, mais ont-ils trouvé ici le calme et la paix  qu’ils souhaitaient en partant du Magne ?

Nous traversons quelques petits villages aux rues étroites, avec les maisons tours bâties de biais, empiétant sur la voie de circulation. On espère ne pas rencontrer de vis-à-vis, mais si ça se produit chacun s’efforce de trouver la solution. La marche arrière en est une, jusqu’à un semblant d’élargissement. Il n’y a jamais de mauvaise humeur, c’est une question d’entraide et celle-ci n’est jamais mise en défaut.

Nous jetons un rapide coup d’œil aux jolies criques bordées de galets blancs, en bas de la falaise noire où est accrochée notre route. De magnifiques baies cernées de rochers découpés se succèdent, l’eau est d’un bleu intense avec parfois un bateau dans le lointain, en route pour les îles. Tableaux à rêver….Quelque fois une route croise la nôtre, avec une destination non indiquée ou écrite en Grec, il faut alors se diriger au jugé, en utilisant le nord ….sans le perdre !petit village grec

Pour boucler la boucle du Magne, nous prenons la route du golfe de Messénie.  Le paysage s’humanise, la route se borde de verdure et de lauriers roses, entrecoupés de lauriers blancs. Les petits villages traversés, offrent quelques jolies images, qui font oublier les soucis causés par les rues étroites et le stationnement anarchique quasi habituel. Les hommes occupent leur temps à regarder le temps s’écouler depuis la terrasse de multiples cafés terrasses qui ne sont souvent qu’un petit trottoir. Ils sont là, indifférents, l’œil vague, verre d’eau ou d’ouzo à côté d’eux sur la table, au ras de la circulation qui génère des nuages de poussière. Sans doute nous traitent ils de fous et ils ont bien raison, nous le redirons souvent au cours de ce périple.

Il nous arrive de devoir couper en deux une foule rassemblée au milieu de la route en train de trinquer à je ne sais quel bonheur. Tout se passe avec le sourire et à grands cris de joie.

Où allons-nous dormir cette nuit ?  La vie nomade pose quelques problèmes qui imposent des recherches incessantes…Après plusieurs tentatives, nous accostons sur la plage d’Aghia Nikolaos, au milieu du village. Il y a plusieurs campings caristes, dont quelques uns sont là depuis quinze jours et nous profitons de leur expérience. Juste à quelques mètres de nous, la mer étale son ressac et mouille la plage de galets, où la pollution fait des siennes. Il n’est pas question de se tremper les pieds, on se contente de regarder la couleur du ciel et de l’eau admirablement conjuguée Bon sommeil réparateur de dommages...

Dimanche 29 Mai

Sur la plage d’Aghia Nikolaos.plage de Aghia Nikolaos

Notre voisin des Alpes Maritimes est en train de fourrager dans une serrure sans réussir à l’ouvrir. Cette opération dure depuis un moment déjà et Jeannot décide d’aller l’aider. Mais il semble qu’il n’y ait pas de solution au problème, on n’ouvre pas facilement une serrure de sécurité .Ils doivent donc renoncer à utiliser toutes sortes d’outils aussi inopérants les uns que les autres. Cette serrure fermant la port de la soute contenant bagages et provisions, ceux-ci sont inaccessibles. Il doit se rendre à la ville la plus proche et tenter une réparation.

Il est seulement 8 heures, on part vers Kalamata, sous un ciel gris. Mais c’est la fameuse route du golfe de Messénie qui commence à partir de cette ville et malgré une circulation délirante, on s’émerveille des bribes de côtes  découpées, formées par les contreforts ouest des monts Taygètes . De toute beauté ! Ainsi que la mer Ionienne déserte et scintillante. Sur les pentes des monts, des cultures en terrasses s’échelonnent abritées du vent par des files de cyprès, mais le maquis sauvage reprend vite le dessus. De petits villages délicieux cernent une fontaine  à l’ombre d’un immense platane centenaire. Tout autour, des cafés sont installés et parfois une petite église byzantine, souvent fermée.

La mer est là, toujours, toute proche, avec sa plage et son port de plaisance, avec un accès difficile pour nous, alors on va plus loin.

La suite du parcours nous déçoit un peu, blasés que nous sommes, il faut parfois laisser se reposer le sentiment d’émerveillement, pour ne pas le lasser. Les routes dans cette région là sont secondaires, donc sans indication. Heureusement les Grecs nous renseignent lorsqu’ils nous voient méditer à un carrefour. …Nous avons trouvé dans cette presqu’île quelques petits ports devenus stations balnéaires. Evidemment, il est impossible de s’y arrêter, tout stationnement de nos véhicules étant interdit. Alors voilà ! Difficulté pour y accéder, impossibilité pour s’y arrêter.

On trouve refuge pour la nuit, avec d’autres camping cars au bord de la mer , que l’on atteint en longeant un champ en friches. On va s’y relaxer un peu.

Jeannot souffre de son genou, je lui donne un Efferalgan qui s’avère inefficace. Plus tard une prise d’Aspegic 1000 le calme un peu. Inquiétude !....

Visite du site antique Olympie

Lundi 30 Mai

Quelque part entre Fornikountas et Méthoni.

Il est 7heures 30, beau soleil sur la mer à quelques pas de nous.

Tous nos voisins sont toujours là , Allemands pour la plupart, dans une nature sauvage et belle, si l’on ne voit pas les ordures partout en abondance. On éprouve une grosse déception pour la Grèce, ce pays qui donna l’exemple au monde et qui ne se respecte pas aujourd’hui….

Jeannot a réussi à capter une radio RFI qui donne tous les jours des informations en français à chaque heure ronde. Hé bien voilà !

Ils ont dit « non » à la constitution Européenne  seuls contre tous, il fallait le faire !... Désormais nous aurons 24 adversaires, j’espère qu'ils » auront des idées pour faire front. Hier au soir les quelques informations étrangères que l’on a pu prendre, recommandaient aux Français d’arrêter de se regarder le nombril….D’après eux, on n’a pas cessé de se croire au-dessus de la mêlée, alors qu’on y est en plein dedans…Mais heureusement, on apprend rapidement que peu de nations nous donnent tort et que peut-être certaines vont nous imiter. Je dis « ils » plus haut car nous n’avons pu voter, n’ayant pu faire à temps les formalités, nécessaires. Il aurait fallu renoncer au voyage, le destin en a décidé autrement.

Tout au bout de la presqu’île de Méssinie, il y a Methoni, on y va de ce pas.

Nous longeons une belle plage de sable fin, au bout de laquelle se dresse au ras des flots la citadelle, enfin les ruines de la citadelle. Elle occupe un site idéal pour surveiller l’entrée de lamer Ionienne.

Déjà dans l’antiquité un fort défensif s’élevait à cet endroit précis, puis ce fut une cité médiévale Franque, puis Vénitienne et enfin Turque.

L’ensemble des vestiges très évocateurs laisse une forte impression et pour visiter en détail on doit passer le pont bâti plus tard par les Français. On débouche ainsi dans une enceinte composée de murs entrecoupés de tours effondrées et envahies d’herbes et de ronces. En suivant l’allée centrale on longe les vestiges de plusieurs bâtiments : un bain Turc, des citernes et une cathédrale byzantine.

la plage de Méthoni une ancienne capitale byzantine

Tout au bout de la citadelle, nous passons un autre pont au ras des flots. Sans aucune rambarde, il faut regarder droit devant soi, pour éviter le vertige qui me guette et c’est alors la silhouette de la jolie tour de Bourdzi construite par les Turcs. Sorte de bastion intérieur, point stratégique propre à décourager les envahisseurs qui malgré cela furent nombreux. Un petit escalier mène au sommet de la tour d’o^l’on jouit d’un beau panorama sur la ville, la plage et la mer.

C’est cet instant précis que la caméra de Jeannot pour tomber en panne…. Quittons Méthoni et sa citadelle, pour remonter sur Pilos et Kiparissia. Près de notre route, sur une colline, dans un océan d’oliviers se dresse le palais de Nestor. Mais il est déjà 15 heures, la conservatrice nous informe de la fermeture du site, alors on se rabat sur la partie historique de notre guide, pour savoir qui était ce Nestor. C’était je crois, le roi de Pilos et un homme de paix. Revenu vivant de la guerre de Troie, il accueillit Télémaque à la recherche de son père Ulysse. Le destin de ce roi hors du commun fil l’objet de contes Homériques, on aurait aimé voir l’endroit où il avait vécu. Nous prenons un petit repas sous les oliviers puis allons visiter une tombe circulaire à coupole, rappelant à Mycènes le trésor d’Atrée. Les arbres plusieurs fois centenaires entrelacent leurs branches tourmentées et prennent des formes inquiétantes. Quelques uns sont les vedettes de notre album de photos.

Poursuivons notre route vers Kiparissia. Il y a quelques curiosités dans deux villages. A la sortie de Fillatra, se dresse une Tour Eiffel de 13 mètres au milieu d’une place publique. Faisant suite au Palais Fantastique d’Agri.

la Tour Eiffel de FillatraC’est une construction insolite due à un « facteur Cheval » local qui avait été complimenté par De Gaulle et Kennedy en leur temps. On appelle aussi ce « chef d’œuvre » «  Le Palais des contes de Fées ». Nous avons pensé que c’était la fée Carabosse, compte tenu du mauvais goût de la construction  aux couleurs agressives.. Nous réservons un gros zéro pointé aux routards qui ont indiqué ces sites « à ne pas manquer ».

le palais fantastique d'AgriNotre inquiétude va grandissant, car Jeannot souffre de son genou, il a mal à l’estomac et aux intestins, il y a aussi la panne de la caméra et  de tous ces maux réunis découlent une humeur massacrante… Quelques remèdes sont là dans ma valise à pharmacie, encore faudrait il accepter d’en prendre pour résorber ces douleurs….et me rendre un peu d’optimisme…. Mais c’est une autre histoire !....

En fin de journée on manque l’embranchement du camping Apollo que l’on voulait rejoindre, mais on se retrouve sur la plage, face à la mer Ionienne, à l’abri de deux magnifiques tamaris. D’un commun accord on décide de dormir ici.

Jeannot accepte enfin les soins que je lui dispense et, bientôt se trouve soulagé de ses nombreux maux. Il peut manger de bon appétit le riz créole que je viens de préparer, remède miracle des intestins fatigués. Le soleil est encore là à éclairer un ciel sans nuages, il nous prodigue ses ardeurs, un peu tempérées par la brise marine.

Bon sommeil sans rêves….

Mardi 31 Mai

Sur la plage de Kalo Nero Beach.

En consultant la carte je m’aperçois qu’on est à Thôlo ou Eroxo, c’est selon si on lit en Latin ou en Grec. C’est en ratant l’embranchement pour Apollo signales trop tardivement que l’on a atterri ici sur de petit bout de plage, o^les cafés qui furent édifiés en bois sont aujourd’hui démolis. Tous les matériaux sont là, sur place, dans une indescriptible pagaille. C’est pitoyable !...A terre toujours les papiers gras, les gobeltes, boites de boisson et quantité d’autres choses. Quel pays !...

Il va être 9 heures, on s’apprête à déjeuner et à brancher RFI pour écouter les informations et avoir des nouvelles du futur que le « non » nous réserve inévitablement. On entend MG Buffet exulter par ce résultat de référendum…. On aimerait la croire….

On se dirige aujourd’hui sur Olympie. C’est le premier jour de flânerie, toute relative. La réserve d’eau en se résorbant, va nous obliger à prendre un camping où j’aurai une lessive de mère Denis à faire. Jeannot un énorme plein d’eau. Un peu de repos sera à l’ordre du jour, visite des sites, après on verra…

Un arrêt à Zacharo ou zaharo, ce qui nous change de Sahara. Recherches vaines du chargeur de batterie, responsable du non fonctionnement de la caméra, mais on trouve dans ce patelin de jolis légumes, puis des cartes postales avec des stamps.

On se ménage un autre arrêt sur une plage près des dunes de sables insolites ici. En partant on manque s’enliser. Il fait doux, la mer est belle, la route est…ce qu’elle est !...

Fastueux dîner de tomates face à une mer d’huile, repos puis départ à nouveau. Il reste peu de kilomètres pour rejoindre Olympie, mais ils comptent double, car par manque de panneaux indicateurs, on pense s’être trompés et on rebrousse chemin. Puis on finit par trouver le panneau dans le feuillage …On est sauvés !...

Le camping Diana à Olympie est aussi noyé dans les feuilles, on doit demander où le trouver et un jeune homme nous accompagne. Il nous est octroyé un emplacement assombri par les arbres, délaissé par les ondes qui n’arrivent pas jusqu’ici. Derrière nous, le cimetière … Nous sommes les seuls occupants de ce camping sinistre, chaudement recommandé par notre guide.

Un bon point quand même, il est à deux pas de la ville, où tous les shops ouvrent leur porte une partie de la nuit et font des affaires en or. Nous avons ainsi l’occasion de voir de magnifiques objets, tout en réservant nos achats pour demain.

Auparavant Jeannot renouvelle sa provision d’eau, opération facile habituellement, mais à cet instant précis se déclanche un orage d’apocalypse, salut la douche !... On est tout trempés et les k ways sont à tordre. Comme le pluie ne cesse pas je dois les mettre à couler dans la cuvette des WC. Je ne sais que faire du linge que je viens d’étendre, sans pouvoir le sécher….

Tous ces petits soucis domestiques font aussi partie du voyage, ils meublent les jours et notre vie, ils sont primordiaux et nous occupent à plein temps, tout en nous laissant des espaces pour nous adonner au tourisme.

Dans le calme de ce camping champêtre, sommeil sans rêves...

Mercredi 1er Juin

Camping Diana à Olympie.

le site d'OlympieCe matin beau soleil, après l’orage effroyable d’hier au soir. Le gérant du camping nous donne le plan de la ville et de la cité Olympique, il parle un Français correct, ayant vécu dans notre pays de nombreuses années. Il aimerait bien que l’on réserve notre place pour le prochain soir, ce qu’on se garde bien de faire ne sachant où en seront nos projets. De toutes façons on ne se bouscule pas ici en cette pré saison.

Mais devant le site d’Olympie,
autobus larguent leur cargaison de touristes qui ont vidé les hôtels de la ville. Le tourisme organisé bat son plein  et récupère tous les suffrages, de sorte qu’en un temps record, finie la solitude de ce site extraordinaire. On dirait bien la foire à l’ail, où chacun discute et rit Des groupes énormes arrivent de partout, mais s’arrêtent dès que la difficulté se fait jour. Les photos se tirent par centaines, et salut les poses sur les colonnes de Zeus. Heureusement que le ridicule ne tue pas, ce serait un champ de bataille !....le Temple d'Héra

On se sent vraiment tout petits au milieu des vestiges imposants de l’antique cité des jeux. La palestre où se déroulaient les épreuves de lutte  n’est plus qu’un bel alignement de chapiteaux corinthiens. Au pied du temple de Zeus gisent en chaos les gigantesques colonnes et la statue du dieu faite d’ivoire et d’or mesurant 13 mètres de hauteur, a disparu depuis longtemps. Cette statue de Zeus olympien était considérée comme une des sept merveilles du monde antique.

Le temple d’Héra, épouse de Zeus abritait la statue de la déesse, de moindre importance, dont la tête fut retrouvée et exposée au musée avec d’autres trésors. Quelques colonnes subsistent, elles furent relevées et font de ce temple du VIIme siècle avant JC le plus vieux monument d’Olympie. Quelques mètres plus loin se dressait l’autel d’Héra où brûle la flamme olympique. En méditant sur les pierres et leur histoire, on découvre l’atelier de Phidias, sculpteur de la statue de Zeus et d’Héra, qui  réalisa  aussi les plus célèbres statues des temples.l'atelier de Phidias

Poursuivons notre balade vers la terrasse des trésors où s’alignaient les statues érigées en l’honneur de Zeus, avec le produit des amendes infligées aux tricheurs ayant failli au règlement olympique. Passons maintenant sous le passage voûté qui conduit au stade. C’est toujours le même depuis sa construction et l’on est très émus à la pensée des nombreux athlètes qui l’on emprunté pour se rendre à l’aire sportive. On repère sur le sol la ligne de départ, faite de rainures sur des dalles de marbre, starting blocks des courses de l’époque. Ca y est, on est sur la piste de sable longue de 192 mètres. Cette longueur fut fixée par Heraclès lui-même, elle correspondait à 6OO fois son pied. Le demi-dieu chaussait donc un bon 48…...

En faisant le tour de cette formidable arène où se déroulaient, courses à pieds, luttes et pugilats, on passe devant la tribune, bien dégradée où se rassemblaient les notables, le stade d'Olympietous masculins. Les autres spectateurs se plaçaient sur les talus herbeux, tandis que la seule femme autorisée à pénétrer dans le stade était la prêtresse de Demeter, déesse de la fertilité. Elle prenait place au pied de l’autel de marbre que l’on aperçoit toujours face aux gradins. Pourquoi cette ségrégation ? C’est sans doute une affaire de pudeur, car les athlètes concouraient nus, cependant que les esclaves et les femmes pouvaient assister en fraude, au spectacle en grimpant sur le mont Kranion qui domine la ville olympique. ….et jouir du spectacle …de loin…

Un petit monument est érigé à la mémoire de Pierre de Coubertin qui fut le rénovateur des jeux olympiques modernes. Ceux-ci furent organisés à nouveau en 1896 et repris tous les quatre ans sauf au moment des guerres. A côté de la stèle, l’autel de la flamme olympique porte les cinq cercles, symbole des sinq continents. Au début de chaque olympiade la flamme sacrée est transportée d’olympie à l’endroit où se déroulent les jeux.Lucie près d'un monument érigé en mémoire de Pierre de Coubertin

Pour terminer en toute beauté cette émouvante visite à la cité du sport, nous visitons le musée, peuplé des statues et objets trouvés en fouillant le site. Tous ces trésors sont présentés, par ordre chronologique des découvertes  et il est possible de s’attarder à chacun d’eux. Puis une salle entière est réservée au magnifique Hermès de Praxitèle sculpté au IVe siècle avant JC. On aperçoit juste sa tête et ses épaules car des groupes entiers agglutinés à ses pieds n’en bougent plus. Un pareil engouement nous énerve, car on voudrait bien l’apercevoir nous aussi, un court instant ….Peine perdue !  Alors on achète une carte postale représentant le bel éphèbe dieu de la force et de la beauté.

Il est tard à la fin de notre visite, nous restons sur le parking où d’autres camping caristes ont trouvé place  et après le repas, nous allons faire un peu de shoping dans les magasins ouverts jusqu ‘à minuit. C’est en sortant de l’un d’eux que je renverse une vitrine remplie d’objets qui se sont cassés en tombant. Double confusion de ma part, celle de l’indulgence du marchand qui me dit que c’est sans importance …et de ma maladresse.

Repos jusqu’à demain, départ on ne sait où….

Visite des villes de Patras, Kalavryta et arrêt imprévu à Babpapa et Paealia Sarapi

Jeudi 2 Juin

Parking d’Olympie.

8 heures, beau soleil très chaud déjà. Les bus sont arrivés et ont largué leurs occupants, flux ininterrompu.

une forteresse franque édifiée par Geoffroy de Villehardouin Nous partons vers Pirgos, pour visiter la pointe ouest du Péloponèse, sorte de triangle qui va vers Loutra Killinis . Il y aurait là plein de plages sympathiques où l’on peut se reposer. Las ! on ne retrouve rien de tel … Seuls quelques villages désertés, aux maisons sans vitres ni volets et partout omniprésentes les ordures amoncelées jusqu’au ras de la mer. Tout est vraiment impossible et on décide de mettre les bouts.

C’est à l’extrême pointe ouest que l’on découvre, perché sur une haute colline Hlemoutsi , uns impressionnante forteresse Franque qui fut édifiée par Geoffroy de Villehardouin. Celui-ci frère de Guillaume, gouverneur de Mystra avait joué un rôle prépondérant dans les croisades et occupé ce point stratégique de premier plan jusqu’à la conquête des Turcs.

intérieur de la forteresse franque
Passé la porte monumentale, on entre dans une vaste cour, surtout composée de murs arasés dont ceux d’une mosquée. Protégeant le quartier des chevaliers la deuxième enceinte s’ouvre sur une chapelle et une immense galerie voûtée, ressemblant à celle du Krak des Chevaliers en Syrie. Deux énormes trous béants rappellent les assauts dont la citadelle fut la cible.

Telle qu’elle est aujourd’hui la forteresse de Hlemoutsi est la mieux conservée du Péloponèse. On grimpe sur les terrasses, d’où l’on aperçoit les îles Ioniennes, ainsi que la province d’Elide dont le fort assurait le contrôle. Autour de la vaste enceinte, les murs crénelés sont l’objet de restaurations, ils restituent la grandeur de ce site médiéval et militaire, au bas duquel se groupent les maisons du village.

On file sur Patras au milieu d’une circulation folle. On aperçoit le pont suspendu qui rappelle celui de Millau, avec ses réseaux de filins semblables à d’énormes harpes . Il fut bâti pour les jeux olympiques en 2004, il a donc un an seulement On aimerait bien faire une photo de ce joli site moderne , mais il ne faut pas rêver, la moindre tentative d’arrêt se solde par un concert d’avertisseurs impatients, alors on passe notre chemin en râlant.

Nous voudrions, maintenant voir les gorges du Vouraïkos par la route jusqu’à Kalavryta, puis prendre le petit train qui passe au-dessus des précipices, à travers des canyons impressionnants. Nous quittons donc la grande route Patras Corinyhe à Akrata et, en longeant le ravin essayons de joindre Kalavryta. Les panneaux indicateurs sont rares dans cette région peu fréquentée, on se dirige donc à l’estime un peu comme au désert. Il y a un réseau routier assez important qui relie de petits villages ou des lieux dits de quelques maisons à peine, mais lesquels ?  Peu à peu à tâtons nous entrons dans la zone montagneuse où éclate un orage d’apocalypse. Trombes d’eau, vent, grêle nous tombent dessus et nous aveuglent. Il n’y a plus qu’à s’arrêter et attendre le ciel bleu. C’est alors que les rochers dévalent les pentes et encombrent la route. On s’efforce de les contourner, en négligeant les petits blocs que l’on juge inoffensifs. Mais ils ne le sont pas et ils passent sous le camion avec un fracas inquiétant. Aucun dégât pourtant n’est visible et on espère tout danger écarté. Ce n’est pas le cas, on est bel et bien perdus, notre carte incomplète n’indique pas notre chemin à moitié obstrué, par des rochers et des coulées de terre et pour parfaire le tout, la pluie se remet à tomber en rafales que le vent plaque sur notre pare brise, on n’y voit plus rien du tout. Le bruit du tonnerre se répercute sur les parois des précipices et l’écho nous le renvoie assourdissant. On n’est pas si rassurés que ça , car la nuit commence à tomber, l’orage continue ses désastres, on est bel et bien perdus dans une montagne inconnue, inhabitée, où il ne faut pas manquer la route étroite et en lacets qui longe un canyon insondable.

des montagnes grecquesAu moment le plus désespéré, un petit village est là qui nous barre le chemin. La route ne va pas plus loin  et on s’arrête au ras d’une maison d’où sortent effrayées trois femmes vêtues de noir. Sous la p^luie battante, je les rejoins sur un petit balcon abrité et leur dis en Anglais que nous sommes perdus dans la montagne. La plus jeune semble avoir compris et nous confirme que l’on peut aller dormir près de l’école désaffectée. Elle nous offre le café et les fleurs cueillies sur son balcon. Ne pouvant faire demi tour par manque de place, on va à reculons prendre place près de l’école et d’un oratoire où brûle un cierge devant des icônes. Après un repas improvisé, promenade dans le village où les quelques maisons sont inhabitées, il n’y a plus de route possible ici, on devra demain avec le jour trouver notre voie.

La pluie a cessé, très bon sommeil montagnard sans aucun bruit.

Vendredi 3 Juin

Quelque part dans la montagne...

cimetierre de Babpapa Au réveil je fleuris l’oratoire et prépare des bonbons pour mes gentilles relations féminines. Elles nous attendent  et nous font un itinéraire parfait qui nous ramène jusqu’à Akrata, c'est-à-dire notre point de départ. C’est ce que l’on va faire dès maintenant. Le café nous est offert à nouveau, mais on refuse gentiment, à mon tour j’offre les bonbons, on s’embrasse comme de vieilles connaissances puis prenons le chemin à l’envers. Nous pourrons ainsi apercevoir la canyon du Vouraïkos que l’on n’a pu voir dans la tourmente.

Hé bien voilà ! Nous découvrons le nom de notre village, grâce au cimetière où ce nom est indiqué en Grec, ce qu’il faut traduire... C’est celui de Babpapa . On trouve ce nom sur la carte assez loin de la destination que nous nous étions fixée et du coup nous pourrons nous diriger sans problèmes.

Magnifique route du canyon, aux pentes verdoyantes où circule tout au fond un torrent tumultueux entre des roches grises ou blanches parsemées de lauriers roses. La nature fraîchement lavée offre des couleurs éclatantes, que magnifie un ciel sans nuages.

A Kalavryta on stationne près de la gare fermée, on ne peut donc se renseigner sur le voyage en train.. Alors on marche dans les rues à la découverte de la ville. On visite la curieuse église orthodoxe, flambant neuve où l’horloge s’est arrêtée à 14 heures 34 un jour de 1943. Elle rappelle l’heure où les soldats Allemands fusillèrent 1436 hommes avant d’incendier la ville, tandis que femmes et enfants enfermés dans le sanctuaire pour y subir le même sort furent libérés à temps grâce à une porte dérobée ouvert par un soldat compatissant.
Entrant dans l’église un pope nous apostrophe et nous interroge. J’espère qu’il n’est pas déçu que nous ne soyons pas Allemands, ce dont je ne suis pas si sûre que ça !....Il semble que toutes les erreurs leur sont pardonnées grâce à leur pouvoir d’achat tellement supérieur au nôtre. Mais en tout cas, il nous tourne le dos lorsqu’il sait que nous sommes catholiques…Nous lui sommes devenus tout à coup indifférents…. Insomdables mystères des religions !....
le monastère Méga SpiléoAprès dîner, nous partons voir le monastère Méga Spiléo qui s’accroche à une paroi lisse et verticale de la montagne. Il parait suspendu entre ciel et terre et fut détruit lui aussi en 1943.  Il est composé d’un curieux assemblage d’éléments disparates, ressemblant à des casiers superposés et, comble de tout peints en jaune. Nous avons du mal à concevoir que les Grecs qui furent de merveilleux architectes et des bâtisseurs inspirés aient pu abîmer un site aussi grandiose, abritant des trésors uniques. Mais c’est l’intérieur qu’il faut voir et pour cela, il faut avoir une «  tenue correcte et des vêtements appropriés » !...Sans vraiment savoir la signification de ce terme, j’apprends que les femmes en pantalon son exclues, car le pantalon est un vêtement d’homme, donc je dois mettre par-dessus une jupe qu’un religieux me tend du bout des doigts presque dédaigneusement. J’ai été frappée par le nombre d’interdits qui frappent les femmes dans toutes les parties du monde, y compris dans une église !... La réflexion n’apporte pas de solution, hélas !...

L’office bat son plein et nous y assistons depuis le couloir. Les moines chantent d’une voix un peu monocorde des louanges à Dieu, tandis que l’un d’eux  semble prier devant un autel surélevé. Nous sommes très impressionnés lorsqu’un moine surveillant surgit de derrière un pilier pour nous poser la question rituelle : Sommes nous Allemands ? Il ne semble pas rancunier lui non plus et pourtant le monastère fut incendié en 1943 et par qui justement ???...Comme d’habitude le fait d’être catholiques nous rend insignifiants, mais l’on est autorisés à visiter la monastère, où se trouvent de magnifiques manuscrits enluminés, des icônes, des étoffes brodées d’or et d’argent, des vêtements liturgiques somptueux. Nous retournons à l’église toute baignée de mystère, o^l’on découvre la fameuse icône attribuée  à l’évangéliste saint Luc, représentant la Vierge. Elle fut retrouvée dans une grotte au VIIIe siècle, fut l’objet d’une grande dévotion, fit des miracles que certifient de nombreux ex voto : bagues, bracelets, colliers…qui ont été déposés en remerciement.

Une majestueuse porte de cuivre sur laquelle est sculptée la légende de l’icône, ainsi qu’une vierge à l’enfant et des archanges ferme l’oratoire que l’on vient de voir et termine notre visite au Mega Spileo, qui nous a fortement impressionnés.

Et nous revenons dormir sur le parking de la gare en attendant demain.

Samedi 4 Juin

Nous sommes sur le parking, face à la gare, en attente ou non du départ du train. Levés depuis 5 h30, on ne pourra sans doute pas partir à cause d’un brouillard  épais qui sévit sur la montagne. La dame chef de gare nous montre l’écran noir de son ordinateur en panne. C’est très peu explicite… Est-ce que ça signifie qu’on ne peut avoir de ticket ? Ou bien que le train est déjà plein de voyageurs en excursion pour le week-end ? On ,ne le saura pas ; Mais peut-être serait il bon d’attendre que le ciel s’éclaircisse.

Mais on fait l’impasse sur ce voyage, l’incertitude et l’attente nous exaspèrent et la brume ainsi que la brume épaisse qui s’épaissit encore plus. Il faut faire un itinéraire de remplacement. Nous décidons de longer le golfe de Corinthe jusqu’à Klato, puis Corinthe puis on vire de cap en préférant les petites routes de montagne, sans doute plus pittoresques, en crochetant jusqu’au centre du Péloponèse jusque vers Tripoli. Ensuite seulement ce sera Klato, Corinthe et Loutraki qui possède un petit pont original, à voir.

Très beaux paysages de montagne sur cet itinéraire, cirques verts avec des petits pins poussant jusqu’en haut, des villages rouges au creux des vallées, des routes enroulées qui grimpes et dévalent magnifiquement. C’est un désert aussi, presque aussi désertique que l’autre. Nous trouvons un terre plein sympathique en haut d’un col, d’où l’on peut jeter un coup d’œil circulaire, sur un panorama reposant. C’est là que nous installons notre salle à manger.  Arrive alors une cycotouriste  Hollandaise, qui gagne sa vie et son toit en faisant le guide touristique. Primordial ici, elle possède plusieurs langues étrangères dans son bagage intellectuel, semble satisfaite de son sort, ne souffre pas d’un climat torride, bref c’est une bonne nature. Elle n’accepte rien à boire, ni à manger, n’a besoin de rien, mais est contente de parler. Nous la trouvons très courageuse et le lui disons. Elle reprend son vélo de course et redescend la route du col à bride abattue.

En fin de journée, nous arrivons à Corinthe, traversons l’isthme, joignons Loutraki et stationnons au port près d’un autre camping car de Néerlandais.

On se glisse tant bien que mal parmi les badauds à l’entrée du pont Possidonia  étonnant et cureix. A l’approche d’un bateau, le tablier en bois du pont s’enfonce dans l’eau pour le laisser passer. Ce qui n’est pas banal pour un bateau de passer sur le pont et non dessous. C’est un spectacle unique, certains bateaux franchissent l’espace avec leur remorqueur, puis le pont remonte peu à peu, se remet en place et les automobilistes qui jusque là attendaient le franchissent en trombe.

Nous avons beaucoup aimé ce petit ponyt ingénieux, qui n’a l’air de rien et qui facilite un trafic important.

Dimanche 5 Juin

Pont de Possidonia à Loutraki.

Il est 8 heures, le pope chante ses couplets depuis un grand moment. On pense aux pays musulmans, où la chanson semble la même et s’éternise de la même façon.

le pont de Possidonia Nous avons bien dormi près d’un mur couvert de jasmin odorant. Nos voisins Néerlandais sont déjà partis et les Italien arrivés plus tard ont décampé également. Ces derniers avaient peur de se faire déloger par la police ce qui avait dû se produire et les avait complexés pour le reste de leur séjour. Quant à nous, nous flânons un peu, observant les drapeaux de la communauté Européenne qui flottent au vent. Tiens ! le premier me pose un problème ! Quel est donc ce pavillon blanc orné d’un dessin jaune ? J’ai découvert plus tard , grâce à Daniel que c’est celui de Chypre, placé au tout premier plan, car c’est un pays Grec, donc place d’honneur….Je les observe longuement flotter tous dans la même direction ce qui n’est pas le cas des états qu’ils représentent….Hélas !

autre vue du pont de PossidoniaMais, trêve de réflexions inutiles, nous assistons au départ de la mini croisière qu’effectuent les Grecs le Dimanche matin à travers le canal, c’est le bonheur intégral pour une journée entière. Ils nous saluent en quittant le port, tandis que le bateau mouline des chansons sans doute pas très modernes , mais qui parlent de choses qu’ils aiment entendre….Du bonheur, je vous dis !...Pour tout le voyage.

Il est 10 heures maintenant, nous sommes seuls sur le port, les voyageurs sont partis, les pêcheurs habituellement nombreux, se sont abrités du soleil. Nous allons rejoindre l’isthme où sont rassemblés tous les marchands du temple. Achats de cartes postales, de komboloïs, puis on va faire des photos en vues plongeantes sur la profonde coupure du canal, vue et revue maintes fois. Ensuite départ vers les petites routes qui longent le golfe et rejoignent l’ouest du pays. Aucun itinéraire à longue échéance n’est prévu, on les crée au fur et à mesure, en se réservant le droit de le modifier à vue. Après tout, la fantaisie, c’est aussi la liberté !...

Voici les belles routes enroulées autour des montagnes, les belles échappées sur la mer, les petits villages difficiles à traverser à cause d’un stationnement anarchique, et les panneaux indicateurs en Grec que l’on doit décrypter à chaque croisée des chemins. Parfois rien n’est indiqué, alors on se dirige comme au désert, à l’estime, au GPS Garmin, ou bien à la boussole, le soleil aussi est un bon orienteur, on le scrute souvent, on roule donc sans se perdre.

Mais il est assez tard, la nuit approche, il arrive qu’on ne trouve pas d’endroit possible pour dormir. C’est le cas ce soir. Nous décidons d’aller vers un village au bord de la mer et l’on atteint Paealia Sarapi. Il y a ici une place avec de grands arbres et la mer juste à côté. L’endroit est bien plat, calme, joli, on l’adopte.

Bon sommeil jusqu’à demain matin, pas très tôt.

Suite de la route du bord de mer semée de petits villages grecs : Andirion et Vonitsa

Lundi 6 Juin

Belle, très belle date d’histoire, j’y pense tous les ans, où que je sois, j’y pense aujourd’hui de cet endroit de Grèce qui s’appelle Paralia….toujours avec la même émotion.

Nous allons vers Itéa et voudrions suivre la route du bord de mer, semée de petits villages. Mais cette route n’existe pas bien que dessinée sur la carte, peut-être n’est-elle pas carrossable ? Donc, nous rejoignons la RN où les villages sont des villes plus importantes. Déjà au matin les hommes flânent au café, tournés vers la rue scrutant les visiteurs. A deux heures nous n’avons pu trouver un endroit pour s’arrêter et dîner. Et j’ai encore une pensée à ce poète qui dit que dans ce pays l’ombre est un rêve…Grosse rancune pour le thermomètre qui monte son mercure à des hauteurs vertigineuses. On s’efforce de ne pas le regarder, mais la chaleur est intenable. Nous nous abritons devant une maison en construction et juste l’avant du véhicule est à l’ombre. La circulation derrière nous est effroyable. On ne traîne pas dans ces conditions là, tout repos est impossible…Alors on mange dans notre étuve sans grand appétit, puis vidons les lieux.
Redoutables itinéraires, aux routes étroites mangées par les herbes folles qui rétrécissent encore le passage. En se croisant on érafle le côté droit du véhicule avec les branches de lauriers roses, ou de roseaux grosses comme la moitié de mon bras et cela sur toute la longueur du parcours. On ne pet s’empêcher de penser à la savane….Mais c’est en même temps très beau une savane de lauriers roses, hauts comme des arbres, touffus et couverts de fleurs. Ils sont parfois blancs, ou saumon, ou parfois rouges et lorsque l’altitude devient importante, les genêts prennent le relais et embaument l’atmosphère.

C’est malin ce que je dis là ! au camping Platinikis d’Andirion, ces fichus lauriers roses ont endommagé notre antenne de télévision, ce qui donne une idée de leur hauteur… Il ne manque plus que ça, pas de caméra, pas de télé, zut ! cette pièce à changer va nous prendre du temps et de l’argent….Quel manque de chance !....

Mardi 7 Juin

Camping Platinikis à Andirion.

Au matin, nous visitons la plage qui jouxte le camping où il  n’y a pas un seul baigneur, ni plagiste d’aucune sorte. Nous pensons que chez nous elle serait noire de monde. En regardant au loin …Nous apercevons le Pont de Patras qui relie les deux rives,  autrefois  rattachées par bateau. Grâce à cette image nous savons que nous avons bouclé la boucle et fait le tour complet du golfe de Corinthe. Malgré l’éloignement, je photographie ce pont dont les filins se dressent dans le ciel, comme des harpes d’argent. Nous espérons pouvoir approcher et faire de près une autre belle image, en vain.  Dès qu’un accotement se profile, le cliché est impossible à cause d’arbres ou de pylônes, alors on y renonce.

Nous allons continuer à musarder sur la côte ouest, sillonnée de routes secondaires, sans doute plus calmes et longeant la mer. Mais parfois il nous arrive de nous aventurer dans des itinéraires à l’aveuglette, ignorant si l’on pourra passer, ou stationner ou même retourner sur nos pas en cas de non passage. Nous n’oublions pas que notre engin mesure plus de six mètres de long et deux mètres de largeur, qu’il est génial à l’arrêt, mais parfois difficile à mener sur certains parcours. Dans l’ensemble, prudence oblige, les problèmes ont été bien résolus.

casse-croute au camping Platinikis

Dîner sur un parking face à la plage de Tourlida, tout au bout de la route qui traverse cette minuscule presqu’île. C’est un site enchanteur avec la mer autour de nous, de tous côtés sauf un. Il y a une profusion de lauriers roses et un palace luxueux qui est loin d’afficher complet….C’est un beau port de plaisance, avec plein de petites barques à rames et à moteur.



Pour reprendre notre route, il faut retourner sur nos pas, vers Mesolonghi, puis aller sur Aïtaliko où le trajet magnifique s’effectue en haut de falaises à pic, puis descend vers les plages à galets toujours désertes. Sur les pentes croissent des oliviers à profusion, qui abritent des ardeurs du soleil des troupeaux de chèvres  et quelques vaches.

Au soir, problème renouvelé…..Où dormir ?  Rien n’est prévu pour nous voyageurs solitaires…Nous prenons une sorte d’allée, qui semble conduire à la mer, mais qui se révèle bientôt impraticable. La pente est rude, impossible donc de la remonter à reculons, il faut aller de l’avant….Tout au fond de la descente, la mer est à gauche, à droite les maisons d’un village en rang serré. On ne voit aucune rue pour se retourner et surtout rien pour s’arrêter…On n’a pas le temps de regarder cet endroit charmant, car la route s’arrête là tout d’un coup. Mais veille la Providence. Derrière une clôture et sous les oliviers d’un parc stationne un camping car français. Nous faisons une pause près de lui et demandons asile au propriétaire, content de parler français et de nous accueillir. Il est Marseillais, émigré en Grèce et marié à une Mauricienne. Longues  parlottes,  avec notre hôte et les deux autres locataires de Rennes. Ensuite dodo, sans moustiques avec juste le ressac de la mer. Ce matin, forme olympique pour continuer notre route d’abord jusqu’à Vonitsa. Mais changement de dernière heure, notre ami Marseillais nous invite à une balade en mer sur son Zodiac qui refuse de démarrer. Il faut donc aller au village voisin chercher une bougie, acheter du pain et visiter une fontaine minérale au débit illimité. Ainsi passe le temps, dans cette partie du monde….prendre les choses comme elles viennent  et ne jamais s’impatienter….Il est déjà 11 heures. Préparation du repas, puis sieste. On prend rendez-vous pour souper ensemble, déguste un cassoulet que je dois préparer.

Bernard et Sabine On dispose d’un podium de restaurant mis à notre disposition. Sabine et Bernard, nous rejoignent, tandis que Robert et Anita  nos Bretons de Rennes apportent l’apéritif. Uns bouteille de Bordeaux est sortie de derrière les fagots et je ne dis rien du cassoulet qui délie les langues. Il est si apprécié qu’il n’en reste pas une miette.

A cet instant arrivent les deux cyclistes qui pour la deuxième fois font le tour de la Grèce à vélo. Je les trouve très en forme après une journée à pédaler sur les routes escarpées. Nous recevons leurs conseils pour nos prochaines visites des îles Lefkada et Kéfalonia ….éventuellement. Un grand moment est nécessaire pour l’échange d’adresses respectives,

car demain pour nous c’est le départ vers ailleurs.

Jeudi 9 Juin

Dès 7 heures on est prêts à partir. L’équipe d’hier au soir dort encore, mais doit aller pêcher au large. Bernard et Sabine sur un zodiac avec d'autres passagersA la mise en marche de notre moteur, tout le monde rapplique, pour nous souhaiter bon voyage, puis ils se rendent sur la plage où est amarré le Zodiac en attente de passagers. Peut-être reviendrons-nous une autre fois, ici, à Mitikas ? ….Bernard et Sabine ont été de merveilleux hôtes. Salut à vous les Franco-Grecs !....

Nous roulons vers l’île de Lefkada, Leucade en Français. C’est une île si l’on veut, mais rattachée à la terre ferme du continent Grec par un pont très original, qui se déplace pour laisser passer les bateaux  dans le chenal. On le regarde relever ses extrémités, virer sur lui-même, se ranger le long de la berge, puis reprendre sa place initiale  après avoir fait l’opération inverse.  Alors Vroum ! Vroum !, pour les voitures en attente depuis un bon moment et qui s’impatientent…

Lefkada la capitale est précédée par la forteresse sainte Maure, dominée des le XVe siècle par desAngevins, des Turcs et des Vénitiens. Point stratégique sur la mer Ionienne, elle devait protéger les côtes ouest de la Grèce des invasions.



Peut- être cette île était-elle la ville natale d’Homère ? Certains l’ont affirmé, bien que les fouilles n’aient rien révélé, tout n’est donc que suppositions… Les légendes ne sont-elles pas plus belles que l’histoire réelle ? Alors on y croit dur comme fer.



Nous utilisons le parking de l’entrée du port, puis nous partons à pieds dans les rues très animées de la ville. Jeannot continue ses recherches  dans les magasins vidéo, pour trouver une batterie neuve et réutiliser sa caméra. C’est alors qu’il laisse tomber la sienne sue le dallage de marbre du magasin. Désormais, on n’espère plus rien !.....

Nous réintégrons nos appartements et partons le long de la côte est, vers Nidri, cité balnéaire lovée au creux d’une baie magnifique. La douceur de l’air, l’éclat des couleurs et de la lumière, tout est vraiment enchanteur ici. Nous nous installons le long des quais déserts bordés par une mer d’azur. Les parasols verts tous fermés attendent les amateurs de plage, absents aujourd’hui, tandis que les vagues en ressac font des geysers spectaculaires sur deux grands rochers étonnants qui émergent de l’eau limpide. La ville entièrement composée de magasins, d’agences, de voyage et de tavernes pas si typiques que ça, est envahie par un tourisme international, peu important aujourd’hui en pré-saison., mais  envahissant en été. Il en reste une atmosphère artificielle que l’on s’empresse de quitter.

Nous suivons les informations données par les deux cyclotouristes de Mytikas qui ont pratiqué cet itinéraire, mais surtout notre inspiration du moment qui ne manque pas de se manifester à tout bout de champ.

Nous décidons de longer la baie, puis de lever l’ancre vers d’autres cieux. Au-delà de la baie de Nidri, la route surplombe d’autres anses aux eaux tranquilles où se nichent de jolis ports : ainsi Poros et sutout Vassiliki, que l’on prendra le temps de visiter en tous sens Vassiliki est situé à seulement 40 kilomètres de Leucade, nous l’atteignons dans la journée, malgré nos flâneries successives le long de la route est. Nous nous réfugions au bout du port près d’un autre camping car de Néerlandais et partons visiter la ville. Grâce à un vent continu, cette baie est le paradis des véliplanchistes, nombreux sur le site. On ne cesse de regarder leur voiles bariolées qui avancent à toute vitesse puis tombent à l’eau lors d’une fausse manœuvre, ou d’un perte d’équilibre malencontreuse.

C’est aussi un port de plaisance, on y voit des yachts amarrés, des voiliers et quelques ferries venant de Céphalonie ou d’ Itaque. C’est un de ceux-là que l’on prendra demain pour notre croisière en Céphalonie.

les terasses au bord de l'eau de VassilikiNous traversons la rue principale qui longe le port et qui est bordée de tavernes désertes. Les terrasses au bord de l’eau sont protégées de plastiques transparents qui les abritent du vent. Les tables inoccupées sont dressées en permanence. On se demande bien comment ils font pour gagner leur vie, car ils sont si nombreux et les clients si rares !....

L’agence Samba Tours enregistre notre traversée pour demain 11 heures 15 vers la Céphalonie. La petite croisière ne dure pas plus d’une heure, le port d’arrivée est Fiscardo.

 La nuit tombe vite dans ces régions, je n’ai guère le temps de me plonger dans la lecture de mon best seller favori : Da Vinci Code, lu à moitié et dont la suite m’intrigue. Jeannot manipule sa caméra en désespoir de cause. Qu’est-ce qu’elle lui manque cette caméra, avec les jolies images que l’on a sous les yeux….Tout à coup ! Miracle !.....Elle fonctionne à nouveau, sans que l’on sache pourquoi ….Elle fonctionne vraiment !...Quel bonheur !....On va atteindre la Céphalonie avec une caméra bien reposée et une batterie qui a fait une chute impressionnante mais qui marche quand même…Pourvu que ça dure !.....
On se couche à la nuit tombée, c'est-à-dire à 8 heures tout guillerets…La vie est faite de petits bonheurs !....

A demain.

Traversée de la côte ouest de la Céphalonie

Vendredi 10 Juin

Port de Vassiliki à 7 heures 40.

On n’a pas si bien dormi que ça, à cause des moustiques insensibles à notre insecticide. Même le  « Pif-Paf » acheté en Syrie les laisse indifférents et affamés…Nous avons eu droit aussi à une discussion de jeunes gens sortant d’un bar assez éméchés et tapant sur le camion à coup de poings.  A la fin de leur dispute ils sont partis épaule contre épaule, pour ne pas tomber. Les fins de semaines sont redoutables dans bien des pays où l’alcool coule à flots et fait des ravages. Il était deux heures du matin lors de cette algarade, on n’a plus dormi du tout, épiant le moindre bruit suspect. Mais rien d’autre ne s’est passé.

L’embarquement pour la Céphalonie aura lieu  à 12 heures 30 précises, il faut être présents dès 11 heures 15. On va donc se placer sur le port d’embarquement où peu à peu les passagers arrivent. Il y a beaucoup de piétons, de vélos, des voitures et deux camping-cars. Nous et un Rapido du Nord.

Au salon du ferry, il y a matinée folklorique. Nous aimerions bien nous glisser et voir évoluer les danses accompagnées du bouzouki. Impossible ! Tant les rangs sont serrés. Du coup nous allons dans la coursive côté abrité du vent et Jeannot filme la cabine de pilotage où la conduite se fait avec un seul doigt, en toute décontraction……

embarcation pour la CéphalonieOn n’est jamais en haute mer pour un si court voyage, des îles se profilent  à tout moments et l’on aperçoit Itaque avant  Céphalonie.. Bientôt le port de Fiscardo signifie la fin de la traversée et l’on quitte « Cap’tain’ Aristidis » jusqu’au retour.

Nous voudrions bien faire une pause au port de Fiscardo, mais impossible ! La grande rue de ce petit port est un cul se sac et on y est en plein dedans .Pour revenir sur nos pas il faut entrer dans la cour du musée de la mer protégé par l’UNESCO et manœuvrer précautionneusement. Un jeune Français coopérant nous aborde et nous invite à venir voir son travail de protection des fonds marins. Nous promettons notre visite pour le retour, ainsi que pour le musée contenant des trésors que ces jeunes explorateurs ont trouvés en mer.

De Fiscardo à Assos, la route est tracée à flanc de montagne et nous réserve des points de vue superbes. Partout des terres émergées et verdoyantes entre lesquelles se glisse la mer Ionienne, comma autant de fjords. Il faut s’arrêter partout, revenir sur ses pas, pour voir encore le paysage sous un autre angle.

la presqu'île rocheuse d'AssosAssos occupe un site magnifique. Bâtie en amphithéâtre la ville nichée dans une minuscule baie est protégée par une presqu’île rocheuse surmontée d’une forteresse Vénitienne érigée là au VVIe siècle pour protéger les habitants des invasions de pirates. A notre avis c’est la plus jolie ville de Céphalonie.

On aperçoit la plage de Myrtos, depuis la route vertigineuse. Composée de sable fin elle attire de nombreux baigneurs qui, vus de notre belvédère ressemblent à des fourmis .C’est la plus belle de l’île, avec son lagon bleu turquoise encadré de majestueuses falaises blanches. Puis la route redescend jusqu’aux rivages d’Argostoli, la capitale de l’île.

Nous venons de traverser toute la côte ouest de Céphalonie et trouvons refuge pour la nuit, sur la plage déserte de Lithoros. Un site pareil, pour nous tout seuls c’est inespéré. D’un côté la mer, de l’autre un kiosque à pique-nique qui sert aussi d’Abribus. C’est calme, idéal pour le repos dont nous avons besoin. Au loin, dans la mer nous apercevons un ferry qui accoste dans un port tout proche et c’est vrai que dans une île il y a des ports partout….et des bateaux qui cherchent la terre ferme. Un bateau tout illuminé, c’est une fête en mer, du rêve qui arrive d’ailleurs, d’une autre terre ferme, ou d’une autre île, pour nous qui le voyons arriver lentement, il n’y a plus qu’à imaginer…. .Dans ces ports on trouve aussi des tavernes et des chambres à louer à la pelle. Il y a un seul camping dans toute l’île et il est fermé, donc il reste pour nous le sauvage que l’on pratique exclusivement, prudemment certes  et parfois avec difficultés, car assez mal vu.

En tout cas, voici une jolie journée qui nous réconforte de celles perdus au milieu d’une foule pressée, dans ces incroyables temples des temps passés depuis longtemps. Nous avons près de nous quelques barques de pêcheurs amarrées, une plage de gros galets et quelques grains de sable.

Dodo !

Samedi 11 Juin

Plage de Lithoros, après la ville de Pératata.

la plage de LithorosLe ferry d’hier au soir vient de repartir, il a simplement fait escale pour la nuit. «  Mais c’est un yacht » :! Me dit Jeannot qui a l’air de s’y connaître….Un autre vient de transiter dans les parages, comme pour confirmer ses dires.

Mais réveillons nous, il est 8 heures du matin, sur la plage déserte, le jeune loueur de parasols et de transats n’a eu aucun client depuis hier, mais peut-être aujourd’hui Samedi les amateurs de plage se décideront à lui rendre visite. En tout cas pour l’instant les 16 parasols bleus sont en attente, désespérément fermés.

Je fais une photo du site si joli qu’on a du mal à le quitter.

Le long de la route qui traverse l’île en son centre pour joindre la baie de Sami , la route s’élève en sinuant au flanc de collines hérissées de cyprès plantés en ligne, comme pour faire écran . Il y a de belles échappées ménageant de beaux points de vue, puis la route redescend vers le plateau intérieur où se perdent les villages aux noms étranges à la même terminaison : Pératata, Kokolata ; Lourtata. Etc  Il y a sûrement une signification que nous ignorons, mais à chaque découverte ça nous amuse bien.

A Sami, nous arpentons les quais où foisonnent les restaurants de plein air, abrités derrière les auvents de plastique transparents. De l’autre côté de la rue, c’est l’alignement habituel des villes touristiques : tavernes, restaurants, bazars, tandis que les hôtels colonisent les collines avoisinantes, laissant le bourg tout entier à son agitation durant les deux mois de Juillet et d’Août.

A côté de notre stationnement, la plage de galets blancs est équipée de parasols et de transats assortis. Le tout est fermé à cause du vent qui sévit aujourd’hui et aussi du manque de clients en ce jour de Juin où la saison se prépare à entrer en lice. Les geysers de flotte giclent au-dessus du parapet et les rouleaux d’écume s’en donnent à cœur joie. Les maisons neuves et colorées furent rebâties après un séisme qui avait ravagé l’île en 1953.

Après Sami, nous faisons escale à Poros, cité balnéaire située en impasse sur la côte est, ensuite nous descendrons vers le sud encore bordé de plages puis nous atteindrons la côte ouest et la capitale Argostoli.

le curieux obélisque de Poros

On atteint cette grande ville par un curieux pont qui serpente juste au-dessus de l’eau et qui relie les deux rives de la lagune. Il fut construit par un Suisse au service des Anglais en 1816 et subsista après le séisme de 1953  qui ravagea la ville. Au milieu de l’eau un curieux obélisque est placé là, peut-être est-ce un monument commémoratif ?  Après notre passage, nous nous apercevons, un peu tard, que notre poids dépasse celui maximum que le pont peut supporter, terreur rétrospective, mais tout s’est bien passé !...

Les jolies maisons qui bordent le front de mer, s’échelonnent sur les collines qui cernent la ville. Leurs couleurs pastel font une image de toute beauté, reflétée dans l’eau, et que le soleil du matin illumine. Elles furent reconstruites après le séisme et c’est ici qu’est centralisé le commerce touristique le plus luxueux de toute l’île.

Le port quant à lui offre aux bateaux de plaisance, voiliers et petits paquebots un excellent point d’ancrage.

Nous allons tenter de dormir sur le port, après avoir admiré les beaux bateaux, ferries et yachts et avoir usé nos jambes dans la ville.

Mais on s’aperçoit trop tard de notre erreur….Le trafic intense, nous empêche de trouver le sommeil….Moteurs et camions sortant des soutes sirènes hurlantes, sol tremblant au passage des monstres ; échanges verbaux  des voyageurs à pieds. Ca dure longtemps….ensuite sommeil bien gagné !...

Dimanche 12 Juin

Pot d’Argostoli, Céphalonie. 7 heures 20 beau soleil.
un yacht anglais dans le port d'Argostoli« Dream catcher Limmington ». C’est le nom d’un magnifique yacht anglais, que je photographie sous tous ses angles tant il est somptueux.
L’île de Céphalonie a le profil d’une main dont la presqu’île de Paliki serait le pouce, nous allons donc visiter cette presqu’île avant de retourner sur nos pas.
Considérée comme le jardin de la Céphalonie, Paliki offre des paysages riants et tout fleuris. Des collines vertes et tapissées d’arbres fruitiers, de vignes et d’oliviers. Les villes aux maisons colorées et croulant sous les lauriers roses, invitent à la promenade, tandis que les panneaux indicateurs continuent de nous emplir d’hésitation.(Bientôt la suite)